Rapatrié en Algérie: Un Algérien quitte Guantanamo après 20 ans de détention

Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 4 avril 2022

Le ministère américain de la Défense a annoncé samedi 2 avril, la libération et le transfert, en Algérie, du détenu de Guantanamo, Soufiane Barhoumi, après environ 20 années de détention. Dans un communiqué publié sur son site Web, le «U.S. Department of Defense», a annoncé le «rapatriement de Soufiane Barhoumi du centre de détention de Guantanamo Bay vers l’Algérie». «Le 9 août 2016, le processus de la Commission d’examen périodique (en anglais Periodic Review Board – PRB, ndlr) a déterminé que la détention, en vertu du droit de la guerre, de M. Barhoumi n’était plus nécessaire pour se protéger contre une menace importante et persistante pour la sécurité nationale des États-Unis. Par conséquent, le PRB a recommandé que M. Barhoumi soit rapatrié dans son pays natal, l’Algérie, sous réserve de garanties de sécurité et de traitement humain», ajoute le communiqué.

La même source indique «le 4 février 2022, le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, un général à la retraite, «a notifié au Congrès son intention de rapatrier M. Barhoumi en Algérie et, en consultation avec nos partenaires algériens, nous avons rempli les conditions requises pour un transfert responsable», précise la même source.

«Les États-Unis apprécient la volonté de l’Algérie et d’autres partenaires de soutenir les efforts américains en cours vers un processus délibéré et approfondi axé sur la réduction responsable de la population détenue et, à terme, la fermeture de la prison de Guantanamo Bay», ajoute le communiqué du Département U.S. de la Défense.

Le Pentagone n’a pas fourni de détails sur ces «garanties de sécurité» qui, selon des médias américains, «pourraient inclure des restrictions de voyage».

AP News a indiqué, hier, que «Barhoumi a été capturé au Pakistan et emmené à la base américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, en 2002». «Les États-Unis ont finalement déterminé qu’il était impliqué dans divers groupes extrémistes, mais n’était pas membre d’Al-Qaida ou des Talibans», affirme la même source citant «un rapport» du PRB «qui a approuvé sa libération en 2016». Le même média rapporte qu’en 2008, «les autorités américaines ont tenté de poursuivre Barhoumi», «mais l’effort a été abandonné en raison de contestations judiciaires de la version initiale du système de commission militaire mis en place sous le président George W. Bush».

De longues procédures

En janvier 2017, des démarches pour la libération de Barhoumi ont également échoué. «Un juge fédéral à Washington avait refusé d’intervenir dans la décision du Pentagone de ne pas rapatrier Barhoumi, dont l’avocat a déclaré qu’il s’attendait à ce que son client soit libéré et que sa famille avait commencé à se préparer à son retour, notamment en lui achetant une voiture et un petit restaurant à faire fonctionner», rappelle AP News.

La même source indique, citant l’avocate du détenu Shayana Kadidal du Center for Constitutional Rights, que «Barhoumi, qui a perdu quatre doigts dans l’explosion d’une mine antipersonnel en Afghanistan, a proposé en 2012 de plaider coupable à toute accusation, dans l’espoir de recevoir une peine fixe et retourner auprès de sa mère âgée».

Selon une mise à jour récente des statistiques des détentions à Guantanamo, publiée par le Center for Constitutional Rights (CCR), «37 hommes sont toujours détenus depuis plus d’une décennie». Parmi eux, «25 ne sont inculpés d’aucun crime ou délit», dont 18 déclarés «éligibles au transfert», «7 éligibles à un comité d’examen périodique», «10 impliqués dans le processus des commissions militaires» et «2 détenus condamnés par des commissions militaires».

Le CCR rappelle aussi que depuis janvier 2002, «780 détenus musulmans, tous des hommes dont de jeunes garçons, ont été emprisonnés à Guantánamo». «86% ont été vendus aux États-Unis à une époque où l’armée américaine offrait de grosses primes pour leur capture», affirme le Center for Constitutional Rights.