Pénurie de produits de large consommation : Report de la présentation du rapport de la commission de l’APN
Nabila Amir, El Watan, 13 février 2022
Le président de la mission d’information parlementaire chargée de l’enquête sur la pénurie de l’huile de table et d’autres produits de large consommation, Ismail Kouadria, devait animer une conférence de presse pour rendre publics les détails du rapport d’investigation mais, selon nos sources, il n’a pas eu le quitus du président de l’Assemblée populaire nationale (APN).
La commission des finances et du budget a finalisé il y a plus de dix jours son rapport après une enquête menée en janvier dernier pour mettre en lumière les raisons de la rareté de certains produits et leurs prix exorbitants.
Le document a été remis au président de l’hémicycle Zighout Youcef, Ibrahim Boughali, lequel devait le soumettra aux autorités compétentes. «Nous avons remis le document de 20 points au président de l’APN. Celui-ci devait nous le retransmettre pour le revoir et ne garder que les aspects qui relevaient de nos prérogatives et, par la suite, nous devions rendre public son contenu. Pour l’heure, nous n’avons pas reçu le feu vert du président de l’Assemblée», notent nos sources, qui précisent que les conclusions contenues dans le rapport sont pratiquement toutes connues des Algériens.
«La contrebande qui gangrène le secteur du commerce, la spéculation, le problème de la distribution, le refus de ‘‘facturation’’, la bureaucratie, l’absence totale de contrôle. Toutes ces pratiques et tant d’autres que les Algériens ne cessent de dénoncer minent le secteur qui nécessite une refonte globale au regard de sa complexité», détaille une source proche de la commission.
Au chapitre du contrôle, M. Kouidria n’a pas hésité à contredire les statistiques avancées par le ministère du Commerce à propos de l’abondance et la disponibilité de l’huile de table ainsi que d’autres produits à forte consommation et subventionnés par l’Etat.
«Nous avons entendu des chiffres annoncés par les services du département du Commerce, mais quand on est allés sur le terrain, on s’est rendu compte, et cela reste notre point de vue en tant que commission d’enquête, que ces chiffres sont imaginaires», s’offusque M. Kouidria, qui bat en brèche les déclarations du ministère du Commerce, qui avait évoqué le phénomène de la spéculation à l’origine de la pénurie et qui disait également avoir donné des instructions pour augmenter les quantités de production en coordination avec les gestionnaires des unités de production de l’huile situées dans les wilayas d’Alger, Oran, Béjaïa, Annaba et Oum El Bouaghi.
«Non, nous n’avons pas relevé des actes de spéculation lors de nos visites à ces espaces commerciaux», insiste le député. Et en guise de réponse aux services dirigés par Kamel Rezig, il affirme : «En principe, quand il y a abondance, il ne peut y avoir spéculation.»
En somme, si les chiffres de la tutelle étaient réels et vérifiés, poursuit M. Kouadria, la pénurie n’existerait pas et il n’y aurait pas de spéculation. Le parlementaire tient le ministère du Commerce pour responsable des déclarations «fallacieuses» émises par les propriétaires des usines, qui font croire à une abondance d’huile de table.
«Sur le terrain, toutes les personnes rencontrées, que ce soit les consommateurs ou les commerçants, évoquent l’absence, voire l’inexistence de contrôle et des contrôleurs du ministère du Commerce ! Ces derniers le confirment et affirment qu’ils n’ont ni les moyens humains ni matériels pour s’acquitter de leur mission», met en avant un membre de la commission parlementaire.