Les opérateurs du «renouvelable» en colère
M. A., El Watan, 10 février 2022
Les investisseurs demandent de libérer le cahier des charges qui tarde à voir le jour.
Il y a un sérieux problème pour le démarrage du programme des énergies renouvelables en Algérie. Les promesses et les annonces tardent à se concrétiser. Il y a un terrible retard à rattraper en la matière. C’est le directeur général du Cluster Energie Solaire (CES), Boukhalfa Yaïci, qui a lancé hier l’alerte sur les ondes de la Radio nationale.
Il a appelé à libérer le cahier des charges relatif à l’appel d’offre du projet Solar 1000, qui vise à installer les premiers 1000 mégawatts (MW) du programme national des énergies renouvelables. «Nous avons été très contents de voir l’appel d’offres finalement annoncé (le 24 décembre 2021). Les opérateurs ont payé les frais nécessaires pour l’obtention du cahier des charges, mais à ce jour, ils ne l’ont pas encore reçu», s’est plaint M. Yaïci lors de l’émission matinale «L’Invité de la rédaction de la chaîne 3».
«Nous souhaitons que ce cahier soit libéré rapidement pour que les entreprises puissent commencer à réaliser le projet», a insisté le directeur général du CES, qui regroupe l’ensemble des opérateurs de la filière de l’énergie solaire en Algérie. «Reporté à plusieurs reprises en 2022, l’appel d’offres pour la réalisation de Solar 1000 a été lancé fin décembre dernier par le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, qui a chargé la société, nouvellement créée, Shaems, de traiter cet appel d’offres.»
Cela consiste en la constitution de sociétés (SPV) chargées de réaliser un projet de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1000 MW, réparties sur le territoire national en lots de 50 à 300 MW chacune. Il s’inscrit dans le cadre de la réalisation du programme national des énergies renouvelables, qui ambitionne à installer 15 000 MW de sources renouvelables d’ici 2035.
«Pour concrétiser ce programme, nous avons besoin d’une cadence de l’ordre de 1000 MW par an, mais aujourd’hui, nous sommes en 2022 et nous ne savons rien de son déploiement», dénonce Boukhalfa Yaïci. Et d’ajouter : «Nous sommes très déçus que ce programme, lancé en 2020, ne connaisse pas encore un début d’application.»
Le directeur général du CES pense trouver l’explication en déclarant que ce «retard» est dû par la dépendance persistante du pays aux hydrocarbures. «Une hausse des prix du baril est très bonne pour l’Algérie, mais j’ai l’impression qu’elle est en train de nous faire revivre les années passées, avec les mêmes réflexes.»
Créé en 2017, le Cluster Energie Solaire regroupe 34 opérateurs publics et privés activant dans les différents segments de la filière (fabricants de panneaux, EPC, installateurs, opérateurs de maintenance, écoles et centres de recherche et développement), dans l’objectif de développer des synergies entre les parties de cette industrie.
Le projet des 1000 mégawatts a été lancé lorsque le professeur Chams Eddine Chitour était à la tête du ministère de la Transition énergétique, pour réaliser une infime partie d’un vaste programme annoncé depuis des années sans pour autant voir le jour.