Le rcd répond à la mise en demeure du ministère de l’intérieur: “Le pouvoir a choisi la ligne du pire”

Liberté, 8 janvier 2022

Le département de M. Beldjoud a rendu le parti de Mohcine Belabbas destinataire d’une autre mise en demeure, après celle du 24 juin 2020, dans laquelle il lui faisait le reproche de mener une activité anti-statuaire, à savoir ouvrir son siège à des organisations non légales.

Nouveau couac entre le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le département de M. Beldjoud a rendu, jeudi 7 janvier, le parti de Mohcine Belabbas destinataire d’une autre mise en demeure, après celle du 24 juin 2020, dans laquelle il lui a fait le reproche de mener une activité anti-statuaire, à savoir ouvrir son siège à des organisations non légales. “Nous avons le regret de constater que votre parti politique continue d’utiliser son siège pour y mener des activités non conformes aux objectifs qu’il s’est assignés dans son statut, notamment en permettant l’utilisation du siège et sans une autorisation administrative pour des réunions avec des personnes et des organisations non agréées, à l’instar de la réunion tenue le 24 décembre 2021”, a écrit le ministère de l’Intérieur dans sa correspondance. Cette remontrance a sorti de ses gonds le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui, dans un post publié sur sa page Facebook, s’est indigné : “Un huissier de justice s’est présenté au siège national du RCD avec un courrier nous enjoignant, encore une fois, de cesser de faire de la politique.

Cette dernière est désormais un domaine réservé de l’administration et de tous ceux qui portent des uniformes.” Le secrétaire national à la coordination du parti, Ouamar Saoudi, s’est dit, lui, “surpris” par cette sortie du ministère de l’Intérieur du fait que “la réunion tenue le 24 décembre 2021était politique et publique”. “Nous sommes un parti et faire de la politique est la raison d’être d’un parti”, a-t-il souligné. Il s’est dit d’autant plus surpris que cette mise en demeure intervient, a-t-il indiqué, après le dépôt, il y a une dizaine de jours, d’une demande pour la mise à disposition d’une salle à la Safex pour y proclamer la naissance du Front contre la répression et la défense des libertés.

“On est face à une restriction des libertés. Le pouvoir a choisi la ligne du pire”, a encore déploré M. Saoudi, tout en appelant à la raison.
“Il faut que la raison prévale”, a-t-il lancé.

Face à cette sortie du département de M. Beldjoud, des responsables politiques et des acteurs de la société civile ont témoigné leur solidarité au RCD. Pourtant sous la menace d’une décision de suspension qui pourrait être prononcée le 20 janvier par le Conseil d’État, le Parti socialiste des travailleurs (PST) n’a toutefois pas manqué d’afficher sa solidarité avec le parti de Mohcine Belabbas qui, selon lui, fait l’objet d’une “cabale répressive”. “Cette mise en demeure conforte et confirme que la dérive autoritaire, voire totalitaire, du pouvoir interpelle toutes les forces politiques, syndicales, sociales et associatives pour s’unir dans un large front démocratique et unitaire contre la répression, pour la libération des détenus politiques et d’opinion et pour le respect et la consécration effective des libertés démocratiques”, a soutenu le PST.

La présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, dont le parti est, lui aussi, sous la menace d’une dissolution, n’a pas été en reste. “Le ministère de l’Intérieur s’érige en censeur sur les activités partisanes. L’UCP dénonce les intimidations contre le RCD et lui exprime sa solidarité et son soutien. L’action politique n’est pas un crime”, s’est-elle écriée. Tout en se disant “solidaire” avec le RCD, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh, aile Hocine Zahouane), a qualifié, dans un communiqué, la mise en demeure du ministère de l’Intérieur d’“atteinte manifeste aux libertés publiques et démocratiques alors que la liberté de réunion, d’organisation et de manifestations pacifiques est consacrée par la Constitution”.

Arab C.