Transition énergétique : l’Algérie s’apprête à « changer d’échelle »
Lilia Benameur, TSA, 27 Décembre 2021
L’Algérie a lancé samedi 25 décembre, un appel d’offres pour la construction de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1000 MWc.
Pour Boukhalfa Yaici, directeur général du groupement d’entreprises Cluster Energie Solaire, cet appel d’offres, dénommé « Solar 1000 MW« , « montre qu’il y a aujourd’hui une réelle volonté politique de vouloir aller de l’avant » dans la transition énergétique.
Les raisons de « l’échec » des programmes précédents
« Il y a eu depuis 2011 différentes tentatives pour mettre en place des programmes d’énergies renouvelables en Algérie. Mais en général, les résultats n’ont pas été à la hauteur des espoirs et des objectifs affichés« , explique Boukhalfa Yaici.
Selon lui, trois facteurs justifient ces échecs successifs. « Tout d’abord, une volonté politique affichée mais non concrétisée sur le terrain. À cela s’ajoute le jeu des acteurs du secteur conventionnel et du fossile qui ont tout fait pour freiner l’émergence des énergies renouvelables en Algérie. Et enfin, l’absence d’un écosystème qui permet l’émergence de ces énergies dans le pays« , a-t-il énuméré.
Le directeur du cluster Energie Solaire ajoute que les premières vraies mesures en faveur des énergies renouvelables ont été adoptées en 2020.
« En juin 2020, il y a eu la mise en place d’un ministère dédié à la transition énergétique et aux énergies renouvelables. Cela a été le premier acte politique qui a permis de donner un signal important. Depuis, régulièrement, il y a des relances de la part du président de la République pour lancer le programme des énergies renouvelables. Cela a encore été rappelé au mois de novembre dernier« , a rappelé M. Yaici.
Projet « Solar 1000 MW »
Dans le cadre du projet « Solar 1000 MW« , les centrales photovoltaïques produiront jusqu’à 1000 MW par an. En terme de capacité, « ce n’est pas beaucoup mais ce n’est pas négligeable« , résume M. Yaici. Et pour cause, cela correspond, selon lui, au double de ce qui a été installé en Algérie en matière d’énergies renouvelables sur les dix dernières années.
Boukhalfa Yaici rappelle que « la capacité installée de production d’énergie classique est d’environ 20.000 à 24 000 MW« . « Il y a là un changement d’échelle, a-t-il dit. Nous allons passer de 500 MW en dix ans à 1000 MW en une année« .
Au sujet de cette capacité de production, Boukhalfa Yaicies, estime que « les 1000 MW devraient être regardés sur un plan de déploiement jusqu’en 2035« .
« Si effectivement, nous commençons à produire 1000 MW par an, et que l’on signe tous les contrats d’ici la fin de l’année 2022, et que la mise en place se fait réellement en 2023, et qu’avant même les premières installations, il y a le lancement d’un nouveau lot de 1000 MW. Avec une cadence de 1500 ou 2000 MW par année, et en freinant en parallèle le déploiement de nouvelles centrales classiques, nous nous retrouverons d’ici dix à quinze ans avec une capacité de production assez importante« , a-t-il conclu.