Grâce à la banque d’Algérie: L’Algérie refinance son économie

A. Maktour, Le Soir d’Algérie, 23 décembre 2021

Parmi tous les indicateurs étalés au grand jour par le gouverneur de la Banque d’Algérie, celui de la liquidité globale des banques est l’un des rares à avoir connu une amélioration par ces temps où la situation ne prête pas à la sérénité comme l’illustre le taux d’inflation qui n’est plus très loin des deux chiffres, 9,2% en octobre dernier comparé à celui du même mois il y a une année, ou encore le glissement de la valeur du dinar par rapport à l’euro et au dollar.
Des indicateurs qui renseignent amplement sur l’état de l’économie du pays, pas très reluisante malgré le regain d’activité constaté par les chiffres dès le premier trimestre 2021, lorsque le produit intérieur brut (PIB) affichait 2,3% avant que la croissance n’atteigne 6,4% au sortir du deuxième trimestre, effaçant ainsi une bonne partie des pertes subies durant l’inénarrable année 2020 qui, à la fin du deuxième trimestre de cette année-là, accusait une contraction de 10,3%, comme le rappelaient les chiffres énoncés par le gouverneur de la Banque d’Algérie, mardi. Des chiffres relatifs à la croissance ainsi que ceux, entre autres, ayant trait à la masse monétaire ou encore la somme des crédits accordés à l’économie.
Selon M. Fadhli, le gouverneur de la Banque d’Algérie, la masse monétaire, soit la quantité de monnaie en circulation, a enregistré, jusqu’à la fin octobre dernier, une croissance de 12,79%. Elle est en effet passée de 17 659,64 milliards de dinars à la fin de l’année dernière à 19 918,39 milliards de dinars à fin octobre dernier. Une croissance que l’on doit essentiellement, selon M. Fadhli, à la hausse des billets et pièces dans les comptes courants et les actifs immédiatement utilisables comme moyens de paiement. Une hausse de 16,41%, passant de 11901,82 milliards de dinars à fin décembre 2020 à 13 854,50 milliards de dinars à fin octobre 2021. Un des chiffres clés égrenés par le gouverneur de la Banque d’Algérie est sans nul doute celui relatif aux crédits à l’économie. Eu égard au coup subi en 2020 par l’activité économique dans sa globalité, les crédits en question ne pouvaient qu’être en hausse. Ce fut le cas, mais une hausse toute relative puisqu’à la fin octobre dernier, les crédits à l’économie avaient atteint 11 609,37 milliards de dinars contre 11 182,29 dinars. Ainsi, les crédits octroyés par les banques publiques ont augmenté de 3,24% et ceux octroyés par les banques privées l’ont été de 8,16 % au cours des dix premiers mois de 2021. Cette augmentation est surtout palpable pour les crédits octroyés aux entreprises publiques (4,80%) et aux ménages (7,11%), alors que les entreprises privées ont vu les crédits qui leur ont été accordés n’augmenter que de 1,99%.
Il convient à ce titre de rappeler qu’un programme spécial de refinancement de l’économie nationale étalé sur une année a été initié par les pouvoirs publics, au moment où les banques accusaient des difficultés sur le plan des liquidités. Un programme imposant avec ses 2 100 milliards de dinars, entre 14 et 15 milliards de dollars, destiné à remettre à flots les banques primaires pour satisfaire les besoins en crédits des agents économiques, les entreprises et les ménages. Tel que l’expliquait la Banque d’Algérie, à la fin juin dernier, ces apports de liquidités sont effectués à son initiative en direction des banques primaires. En guise de garantie au titre de ces opérations spéciales de refinancement, expliquait encore la Banque d’Algérie, les effets acceptés par cette dernière sont des obligations émises par le Trésor public, dans le cadre du rachat des crédits syndiqués.
Azedine Maktour