Plus de 10 milliards USD d’avantages aux investisseurs « sans contrepartie »

Y. D., TSA, 06 Décembre 2021

Ouverte par le président Abdelmadjid Tebboune samedi 4 décembre, la conférence nationale sur la relance de l’industrie algérienne a été clôturée ce lundi par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane.

Si le chef de l’Etat a dénoncé le blocage des projets d’investissements pour des raisons bureaucratiques ou à cause de la corruption, son Premier ministre a souligné l’échec et l’inefficacité de la politique d’investissement qui était en vigueur dans le pays.

« La dépense fiscale a atteint plus de 1.500 milliards de DA au cours des années 2018 et 2019, soit 10 milliards de dollars. Ces montants ont concerné les projets inscrits auprès de l’Agence nationale du développement de l’investissement (ANDI) et autres instruments de soutien à la production ainsi que les exonérations des droits de douane », a déclaré M. Benabderrahmane qui a déploré que ces dépenses n’aient pas été suivies de contrepartie en termes de création de richesses et d’emplois.

« Nous ne devons pas les appréhender comme des simples statistiques abstraites. Mais comme des indicateurs de mesure de l’efficacité et de la pertinence. Il aurait été plus approprié que ces montants considérables viennent renflouer les caisses de l’Etat, dès lors qu’ils n’ont pas donné lieu aux résultats escomptés. En l’occurrence la création effective de la richesse et des postes d’emplois et, partant, relancer la machine de la croissance », a expliqué le Premier ministre.

M. Benabderrahmane a déploré que ces incitations et facilitations aux investisseurs « sans contrepartie » aient bénéficié aux rentiers. Il a à cet effet annoncé la révision de ces approches en matière d’octroi des incitations et des facilitations pour mieux les orienter vers les « véritables investisseurs ».

Les promesses du PM

Le Premier ministre a indiqué que les autorités ont amorcé une rupture avec les décisions à court terme et conjoncturelles dénuées de vision. Place désormais aux décisions « étudiées » pour « mettre le train sur les rails », a proclamé M. Benabderrahmane qui met l’accent sur le secteur de l’industrie comme l’un des leviers de la diversification de l’économie nationale.

« Nous sommes présents ici pour prendre des mesures pratiques et tangibles », a affirmé le chef de l’Exécutif assurant les investisseurs et les experts qui se sont exprimés durant les trois jours de déroulement des travaux de la conférence que leurs observations et remarques ont été prises en compte.

« Nous avons fait un diagnostic avec exactitude et nous avons établi les priorités pour amorcer un véritable décollage », a poursuivi Aimene Benabderrahmane.

Le Premier ministre a rappelé l’engagement de l’Etat en faveur du déblocage des projets gelés conformément aux instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Une commission nationale a été installée à cet effet et placée sous la houlette du Premier ministre. Cette commission, a ajouté le chef de l’Exécutif, ne se contentera pas d’élaborer « des rapports qui seront rangés dans les tiroirs, mais de donner des chiffres sur le nombre de projets en souffrance, les noms des sociétés concernées et leurs types d’activités ».

Le blocage que subissent certains projets a été dénoncé par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, samedi 4 décembre, à l’ouverture de la conférence nationale sur la relance industrielle. Il y a un « blocage de la relance économique » dont l’objectif est de pousser les gens à sortir dans la rue.

« C’est antinational, ce sont des comportements antinationaux », a-t-il fustigé.

Le chef de l’État a annoncé que le Conseil national de l’investissement (CNI) a levé le gel sur 581 projets d’investissement présentés par des investisseurs.