Procès de l’ancien DGSN: Les avocats de Hamel accusent Beleksir
Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 21 novembre 2021
Au troisième et dernier jour du procès de Hamel, les avocats de la défense se sont attelés à démonter point par point toutes les charges retenues contre leur client. Ils ont aussi de nouveau présenté (sans le nommer) le général Beleksir comme étant l’auteur du dossier ficelé à l’encontre de l’ancien patron de la DGSN et de sa famille.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Me Mecheri est le premier avocat à ouvrir les plaidoiries. Si les deux jours du procès n’ont rien apporté de nouveau lors des auditions des prévenus, les déclarations de l’avocat se veulent, elles, apporter les « preuves de la caducité du dossier ». «Je vous rappelle que nous sommes dans une période où les personnes qui ont pillé les biens du pays doivent rendre des comptes. Si j’avais l’ombre d’un doute au sujet de Abdelghani Hamel, je ne me serais jamais engagé dans sa défense », annonce d’emblée l’avocat connu pour ses coups d’éclat à la barre.
Il explique : « Toute cette affaire a en fait commencé lorsque mon client est revenu de New York. Un haut responsable alors en poste l’accuse de corruption mais Hamel se défend et fait à son tour une déclaration publique dans laquelle il dit que celui qui veut lutter contre la corruption doit avoir lui-même les mains propres. » Les propos connus sont ceux de l’ancien patron de la Gendarmerie nationale, le général Beleksir, qui fait aujourd’hui l’objet d’un mandat d’arrêt international. « Tous les ennuis de Hamel commencent à ce moment, poursuit Me Mecheri. Hamel est relevé de ses fonctions et fait désormais l’objet d’une grosse campagne, des informations totalement erronées fuitent et sont livrées aux médias qui s’en accaparent et en font des articles qui forgent l’opinion.
Il est accusé de disposer de dizaines de comptes bancaires, on établit une liste incroyable de biens, de maisons… en disant que tout lui appartient. Mais aujourd’hui, on voit bien qu’il n’y avait rien de tout cela. » L’avocat se réfère aux remarques des magistrats de la Cour suprême « qui ont accepté la cassation introduite car ils ont conclu que les accusations n’étaient pas fondées sur des preuves ».
Me Mecheri nous révèle, ensuite, que « les commissions rogatoires à l’étranger n’ont rien trouvé ». La plaidoirie se poursuit : « Dans cette affaire, de hauts responsables et des cadres ont été entraînés, on a exagéré les faits, ils se sont peut-être rendu coupables de fautes administratives, de gestion, mais il n’y a eu, en aucun cas, corruption. Ce sont des victimes innocentes qui sont assises là face à vous. Tout comme la famille de Hamel, la justice doit aujourd’hui rétablir le droit de toutes ces personnes. La justice doit triompher. »
Les avocats qui se succèdent tiennent ensuite à faire savoir que « les transactions immobilières dont a été accusé Hamel se limitent en fait à la vente de la maison (à Bir-el-Djir, Oran) du père de l’accusé. Il en a acheté une autre, puis l’a revendue car elle ne leur convenait pas. Tous les comptes dont on a parlé n’existent pas. Il a un ou deux comptes, l’un d’eux est à la BEA. C’est là qu’il a déposé le salaire qu’il percevait lorsqu’il se trouvait au Caire, il était très bien payé ».
Les avocats se succèdent à la barre. Cette fois, c’est le défenseur de Annani Salima, épouse de l’ex-patron de la DGSN, qui prend la parole. « Si ma cliente est aujourd’hui face à la justice, c’est uniquement parce qu’elle
est l’épouse de Hamel. On l’accuse de détenir beaucoup de biens acquis illégalement, mais la seule maison qu’elle possède est celle de sa mère à Sétif, elle lui appartient depuis 2004. Les neuf locaux à Ouled-Fayet étaient destinés à ouvrir une crèche car elle est éducatrice d’enfants. » Il réfute l’accusation selon laquelle le fils Hamel, Mourad, s’est rendu chez l’ex-directeur de l’OPGI pour obtenir de lui ces locaux. Le collectif de défense demande l’acquittement de Hamel et des membres de sa famille.
Jeudi, le procureur de la République avait requis une aggravation de la peine prononcée en appel contre les prévenus. Seize années de prison et une amende de huit millions de DA ont été requises à l’encontre de Abdelghani Hamel. Il a aussi requis douze ans à l’encontre des trois fils Hamel et trois ans à l’encontre de sa fille Chahinez.
Deux années de prison ont été requises à l’encontre de Abdelmalek Boudiaf et Abdelghani Zaâlane poursuivis en qualité d’anciens walis d’Oran. Il faut enfin savoir que tous les prévenus comparaissent pour la troisième fois pour la même affaire.
En juillet dernier, la cour d’Alger avait revu à la baisse la peine prononcée en première instance, douze années de prison ont été prononcées à son encontre au lieu des quinze ans prononcés par le tribunal de Sidi-M’hamed.
A. C.