L’activiste Mohamed Hamali menacé d’expulsion : le gouvernement espagnol complice de la dictature algérienne

Algeria-Watch, 30 août 2021

Au mépris des traditions d’accueil, des valeurs humanistes et des lois européennes et internationales de protection des opposants, le gouvernement espagnol s’apprête à expulser vers Algérie l’activiste du Hirak Mohamed Hamali, qui a rejoint l’Espagne clandestinement depuis plus de deux semaines.

Originaire de Drâa Ben Khedda, Mohamed Hamali, marié et père de trois enfants, a été arrêté une première fois à Tizi Ouzou après avoir participé à une manifestation pacifique le 14 juin 2020 et condamné le 22 juillet 2020 à deux mois de prison ferme pour “incitation à un attroupement non armé” et à “affichage sur les réseaux sociaux de publications portant atteinte à l’intérêt de la nation”. Le 28 juillet 2020, il est condamné dans une deuxième affaire “d’outrage au président de la République” et “d’incitation à un attroupement non armé”, cette fois à une peine d’un an de prison.

Libéré le 6 février 2021 après 8 mois de prison, Mohamed Hamali a dénoncé publiquement les graves abus et mauvais traitements et les menaces d’emprisonnement qu’il a subis. Craignant d’être une nouvelle fois arrêté il a fui l’Algérie clandestinement à bord d’une barque.

Arrivé sur les côtes espagnoles avec une quinzaine de personnes le 15 août vers 07 heures du matin, il a tout de suite été arrêté par la Guardia civil alors qu’il se tentait de rejoindre Almería à pied. Il a été transféré vers le centre de détention de la police d’Almería où il a décliné son identité et exprimé sa volonté de demander l’asile politique. Le lendemain, il a été transféré avec les autres réfugiés interpelés vers un centre de rétention à Almería et placé en quarantaine.

Le 26 août, tous les réfugiés ont été libérés et ont pu déposer leurs demandes d’asile tandis que M. Hamali a été emmené par la police au tribunal d’Almería et déféré devant le juge d’instruction. Il a expliqué qu’il demandait l’asile politique et qu’il encourait des risques de persécutions s’il était renvoyé en Algérie.

Le juge d’instruction a néanmoins ordonné son internement au centre de rétention de Valence en attente de son expulsion vers l’Algérie au motif qu’il était en situation irrégulière sur le territoire espagnol et qu’il n’avait aucune attache familiale dans le pays. L’une des personnes parlant l’arabe présente au tribunal lui a affirmé « qu’il se trouvait sur une liste du consulat d’Algérie ».

Il a effectivement été transféré au centre de rétention de Valence où il a renouvelé sa demande d’asile politique. Il risque toutefois d’être expulsé à tout moment de force vers l’Algérie en dépit de tous les recours ou procédures judiciaires en cours.

Nous rappelons que le 21 août dernier, le gouvernement espagnol a expulsé l’activiste et Youtubeur Mohamed Abdallah dans des conditions similaires et avec une rapidité d’exécution inhabituelle. Cet ancien sergent-chef de la Gendarmerie algérienne vivait dans le pays avec sa femme et ses enfants depuis plusieurs années et avait formulé une demande de protection internationale le 25 avril 2019 qui était en cours d’examen. Alors qu’il se présentait le 12 août 2021 à l’administration compétente pour renouveler son autorisation de séjour, il a été arrêté et une décision de rejet de sa demande de protection signée par le sous-secrétaire à l’intérieur lui a été notifiée. Une procédure pénale a même été ouverte contre lui pour adhésion à une organisation terroriste reprenant les allégations des services algériens sans aucune vérification ni possibilité d’opposition.

Les procédures de recours introduites par son avocat et la demande pendante devant la cour européenne n’ont pas été prises en compte par l’administration espagnole. Une seconde décision d’expulsion exécutoire a été prise le 20 août 2021 au motif qu’il représentait une menace grave pour l’ordre public et risquait de porter préjudice aux relations de l’Espagne avec l’Algérie.

Ce non respect des procédures et du principe de non-refoulement par les autorités espagnoles pour des raisons diplomatiques dans le cas de Abdallah Mohamed font craindre une décision similaire pour Mohamed Hamali.

Le gouvernement espagnol adopte aveuglément le discours des autorités algériennes sur ses opposants politiques pacifiques et ses critiques, sous couvert de coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Comme la diaspora algérienne joue un rôle important dans le Hirak, le gouvernement algérien utilise ses accords bilatéraux et la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme pour traquer ses principaux opposants à l’étranger.

Il est stupéfiant de constater cette pratique du gouvernement d’un pays qui a connu les affres de la dictature franquiste. Faut-il rappeler que ce gouvernement et d’autres avant lui accueillent avec bienveillance plusieurs hauts responsables et malfaiteurs algériens et leurs familles qui possèdent dans ce pays de très nombreux biens issus de la prédation et du vol ?

Algeria-Watch condamne fermement le comportement du gouvernement espagnol qui fait preuve de complicité avec le régime répressif algérien et appelle tous les démocrates espagnols à s’élever contre ces pratiques indignes.