Affaire Boudour, Chouicha et Loukil : sept rapporteurs de l’ONU interpellent le pouvoir
Info Radio M, 17 août 2021
Sept rapporteurs des Nations-Unies ont épinglé les autorités algériennes dans l’affaire dite d’Oran, particulièrement sur le cas du journaliste Saïd Boudour, du vice-président de la LADDH, Kadour Chouciha et de sa femme, journaliste, Djamila Loukil.
Dans une communication au gouvernement algérien dont nous avons une copie, les rapporteurs spéciaux de l’ONU expriment « de graves préoccupations quant aux accusations d’activités terroristes portées à l’encontre de Mme Loukil, de M. Boudour et de M. Chouicha » et qui « semblent directement liées à leur engagement pacifique en faveur des droits humains en Algérie, et en particulier leur exercice de leurs droits à la réunion pacifique et d’expression ».
Envoyé le 17 juin au gouvernement algérien, ce document long de 6 pages est publié « dans un délai de 60 jours », est-il indiqué, au même titre que d’éventuelles réponses. Pour celles-ci, il n’y en a pas !
Parmi les 7 rapporteurs de l’ONU, on trouve celui en charge de la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, celui en charge des droits de l’homme des migrants, le rapporteur sur la torture et le groupe de travail sur la détention arbitraire.
Motifs juridiques ?
Ces derniers demandent aux autorités de « fournir des informations précises sur les motifs juridiques justifiant l’arrestation et la détention », des trois militants en plus de « leur (les motifs, NDLR) conformité » aux standards internationaux en la matière.
Les rapporteurs de l’ONU demandent également au gouvernement de communiquer sur « les raisons pour lesquelles des charges liées à des actes terroristes et à l’appartenance à une organisation terroriste ont été retenues contre les défenseurs des droits de l’homme »
Autre interrogation celle-là ayant trait aux « mesures (qui) ont été prises pour s’assurer que les manifestants, y compris des défenseurs des droits de l’homme, puissent exercer leurs droits sans risque de répercussion ni de détention arbitraire »
Enquêtes
Enfin, les 7 rapporteurs réclament aux autorités algériennes de « diligenter des enquêtes sur les violations qui auraient été perpétrées et de traduire les responsables en justice »
Arrêté le 23 avril dernier à Oran, notre confrère Said Boudour, a été remis en liberté provisoire le 29 du même mois, au même titre que Kadour Chouicha et Djamila Loukil, arrêtés quant à eux la veille. Les trois sont poursuivis pour de lourdes chefs d’inculpation dont « complot contre la sécurité de l’Etat », « propagande susceptible de nuire à l’intérêt national » et « appartenance à une organisation terroriste ».
Ahmed Ouali