Covid-19/solidarité de la diaspora : les conditions draconiennes de l’ambassade d’Algérie à Paris

Info Radio M, 07 août 2021

Au moment où tous les Algériens s’attendaient à des facilitations, pour permettre l’acheminement des dons en matériel médical à partir de pays étrangers pour faire face à la ravageuse 3e vague de la Covid-19, l’ambassade d’Algérie en France décide d’une série de mesures, pour le moins draconiennes.

La représentation diplomatique de l’Algérie à Paris, a annoncé que tous les initiateurs d’opération de collecte et d’acheminement de dons « sont tenus de prendre attache » avec ses services, pour la délivrance de l’« Autorisation d’acheminement de dons ».

Dans un communiqué à l’attention des associations communautaires, collectifs et ressortissants algériens, et au moment où des patients meurent dans les hôpitaux par manque d’oxygène, l’ambassade a indiqué ce vendredi 6 août que les opérations de solidarité « obéissent à (des) conditions ».

Exlusivité pour le ministère de la Santé

La demande d’autorisation d’acheminement est assujetti à un « dossier » qui devra comprendre « l’identité des donateurs (associations, collectifs, particuliers), agrément, le cas échéant », « la liste du matériel médical (concentrateurs d’oxygène), des consommables et des produits pharmaceutiques collectés », outre « les indications sur le volume, le poids et la valeur ».

Pis, l’ambassade précise qu’une fois le matériel en Algérie, le ministère de la Santé, à travers la Pharmacie Centrale (PCH) « est le seul et unique destinataire des dons » et aura la charge de « la répartition » selon son évaluation des besoins au niveau national.

S’agissant du déplacement en Algérie des praticiens de la santé dans le cadre du bénévolat, l’ambassade les invite aussi à se rapprocher de la présentation consulaire dont ils relèvent « afin de manifester leur engagement et d’être portés sur la liste des volontaires ». Leur répartition une fois en Algérie, au niveau des infrastructures sanitaires, « relève du ressort exclusif du ministère de la Santé », est-il conditionné. Et ce sera aux représentations consulaires de les contacter « pour notification de la destination et période retenue pour leur mission ».

Ces mesures n’ont pas tardé à soulever la colère d’acteurs politiques et militants engagés dans les actions de solidarité.

Consternation

Lounes Djouadi, maire de la commune de Timizart (Tizi-Ouzou), a écrit : « Nous sommes très en colère ». « Leur bureaucratie va nous tuer tous », s’est-il crié, avant de s’interroger : « sont-ils des humains ? ».

Pour sa part, le dirigeant du FFS, le Dr Hakim Belahcel a estimé que par ces mesures, l’ambassade « impose une batterie de procédures bureaucratiques et draconiennes qui ne feront que ralentir le processus d’acheminement » de matériel médical jugé vital pour des « populations déshéritées, au bord de l’asphyxie générale ».

Ahmed Ouali