Face à la remontée des cas de contamination par la Covid-19: Sursaut de mobilisation citoyenne à Tizi-Ouzou
Liberté, 24 juillet 2021
Les habitants de la région sortent peu à peu de leur insouciance et se remobilisent chaque jour un peu plus pour tenter de limiter les dégâts.
Devant la dégradation incessante de la situation épidémiologique dans la wilaya de Tizi Ouzou et les carences enregistrées à plusieurs niveaux dans la gestion de cette crise inédite, les habitants de la région sortent peu à peu de leur insouciance et se remobilisent chaque jour un peu plus pour tenter de limiter les dégâts, dans un premier temps, et permettre une reprise en main de la situation, dans un second temps.
Après la louable initiative lancée, la veille de la fête de l’Aïd, par le comité de village d’Azazga pour approvisionner l’hôpital local en oxygène, ce produit qui se raréfiait en raison de l’énorme besoin des patients Covid-19 hospitalisés, voilà que d’autres localités non moins touchées par la propagation du virus commencent à se mobiliser en arrêtant elles-mêmes, localement, les mesures à suivre pour arrêter l’hécatombe à laquelle elles font face depuis déjà plusieurs semaines.
C’est le cas notamment de la région de Boghni où les maires de ces quatre communes ont tenu, jeudi, une réunion d’urgence à l’issue de laquelle, ils ont décidé d’une batterie de mesures qui vont régir, durant au moins les deux semaines à venir, la vie de la communauté locale.
“Face à la recrudescence de la pandémie marquée par des contaminations rapides et inquiétantes, accompagnée d’un nombre de décès qui continuent d’endeuiller nos familles, ainsi que la saturation que connaissent les structures sanitaires de la daïra, nous avons pris la responsabilité d’agir dans la limite de nos prérogatives pour vous adresser un appel à la responsabilité en l’absence de décisions claires de confinement total ou partiel de la population qui ne relève pas de nos compétences”, est-il expliqué dans le document qui a sanctionné ladite réunion.
“Néanmoins, notre responsabilité en ces moments difficiles et de détresse sanitaire, et pour éviter le pire qui s’annonce et répondre en même temps aux appels de nos concitoyens, nous avons décidé d’une série de mesures qui viendront s’ajouter aux mesures déjà en vigueur”, affirment les maires signataires du même document.
Parmi ces mesures, figurent l’interdiction de s’attabler dans les cafés, restaurants et débits de boissons tout en autorisant le seul service à emporter, l’interdiction de la célébration des fêtes de mariage et l’organisation des veillées funèbres, la fermeture des salles de jeux, des stades et des salles de sport, du marché hebdomadaire à bestiaux et la proposition de fermeture des mosquées et salles de prières en collaboration avec les associations religieuses. Des mesures accueillies avec grand soulagement par les habitants qui étaient nombreux à réagir pour exprimer leur adhésion.
Retour au confinement
Emboîtant le pas aux maires des quatre communes de Boghni, le maire de Timizart, Lounès Djouadi, a, lui également, réuni, hier, les comités de villages et les associations de la région pour décider des mesures à prendre d’un commun accord.
Au total, onze mesures concrètes ont été prises lors de cette réunion. Elles vont de l’instauration d’un confinement volontaire à la fermeture des mosquées, en passant par la fermeture du marché hebdomadaire, l’interdiction de s’attabler dans les cafés et les restaurants, la limitation du nombre de clients dans les commerces, l’interdiction de tout rassemblement ou regroupement public, que ce soit dans les mariages, les veillées funèbres ou autres, ainsi que la limitation à 50% du nombre de voyageurs dans les transports.
À Larbâa Nath Irathen, où la situation sanitaire est également des plus critiques, lors d’une réunion, qui a regroupé, jeudi, le maire local, le CRA et les associations locales, il a été décidé de lancer une opération d’acquisition d’un générateur d’oxygène qui coûte 1,7 milliard de centimes pour prémunir l’EPH local du besoin d’oxygène.
Un appel aux dons a été aussitôt lancé dans ce sens. À Bouzeguène, le maire, Rachid Oudali, a lancé un appel aux comités de villages leur demandant de revenir au confinement et de prendre les mesures qui s’imposent.
Comme durant les premiers mois de la crise sanitaire, de nombreux comités de villages ont également décidé de prendre leur destin en main en optant pour des mesures propres à leur village. C’est le cas, entre autres, de Sahel, d’Ahrik, de Takoucht, de Bouzeguène, qui ont déjà opté pour un retour à la fermeture des villages.
D’autres encore sont en concertation pour arrêter les mesures à prendre. Pour sa part, le P/APW de Tizi Ouzou, Youcef Aouchiche, a annoncé l’ouverture de deux nouvelles structures sanitaires pour pouvoir prendre en charge de nouveaux malades Covid et réduire ainsi la pression sur les structures déjà existantes. Il s’agit, a-t-il affirmé, du nouvel EPH des Ouadhias d’une capacité de 30 lits et de l’EHS de cardiologie de Draâ Ben Khedda qui pourra prendre en charge 15 patients en réanimation.
Des places d’hospitalisation seront désormais créées dans les polycliniques pour réduire la pression sur les hôpitaux, a-t-il également ajouté, précisant qu’il y a environ 500 patients hospitalisés dans les structures de santé à travers la wilaya. Une situation qui, de l’avis des médecins, est déjà “dramatique”. “C’est une situation dramatique, on reçoit beaucoup de jeunes patients, et il y a un manque de structures.
Au CHU, tous les services sont saturés et convertis en services Covid. On risque d’être amenés à ne plus pouvoir hospitaliser des patients”, a résumé, dans une vidéo diffusée sur la page officielle de la radio locale, le Dr Amina Hadad du service traumatologie du CHU, qui vient d’être converti en service Covid.
Samir LESLOUS