Manifestations dans le Sud: Le mouvement prend de l’ampleur

Karim Aimeur, Le Soir d’Algérie, 17 juillet 2021

Les manifestations enclenchées par des jeunes chômeurs à Ouargla depuis quelques jours, ont fini par atteindre plusieurs autres villes du sud du pays où les populations dénoncent leur exclusion et marginalisation, réclamant leur part de développement. Des affrontements entre les protestataires et les forces de l’ordre ont rythmé ce mouvement inédit.
Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Marches, rassemblements, affrontements et saccage d’édifices publics : les wilayas de sud du pays vivent, depuis quelque jours, une situation inquiétante, au rythme de manifestations populaires, de jour comme de nuit, animées par des jeunes révoltés par les conditions de vie dans leur région. Et la colère ne cesse de s’exacerber. La tension aussi.
Partie de Ouargla initialement pour protester contre le chômage, la grogne a touché les autres wilayas et localités du Sud (El-Oued, Adrar, Béchar, Ghardaïa, Tindouf, In Salah, Touggourt…) où des problèmes plus profonds liés au développement et à la distribution équitable des richesses du pays ont été soulevés.
Sur les images et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, notamment par la page info de la wilaya de Ouargla, on observe l’ampleur des évènements et la multitude des revendications, allant de l’emploi aux autres exigences de développement comme la construction de l’infrastructure de base.
De violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont émaillé ces manifestations, notamment à Aïn-el-Beïda, dans la wilaya de Ouargla et Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa.
Lors des rassemblements dans différentes localités, les habitants ont dénoncé les solutions sécuritaires, alors qu’ils ne revendiquent que leurs droits. Dans les vidéos des manifestations, des jeunes affirment que leur région est victime d’exclusion et de marginalisation, réclamant un changement réel de la situation et non un changement de personnes.
Cette situation, pourtant inquiétante à plus d’un titre, a fait réagir très timidement la classe politique. Le silence est gardé également du côté du gouvernement sur ces évènements. Ainsi, le Parti des travailleurs (PT) a exprimé sa solidarité avec les jeunes chômeurs qui «protestent contre le chômage et demandent des postes d’emploi notamment dans les wilayas de Ouargla, Illizi et El-Oued». Le PT souligne toutefois que «le drame des jeunes chômeurs n’épargne aucune wilaya ni aucune commune du territoire national et ce, depuis des décennies».
Pour le PAD, qui s’est réuni en fin de semaine, le retour sur scène du mouvement des chômeurs appelle à un réexamen urgent des politiques publiques sociales contre la précarité et la misère.
De son côté, Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El Binaa, a appelé, ce jeudi, à rassurer les habitants de Ouargla et des autres wilayas du Sud avec des solutions à leurs problèmes et des projets de développement au lieu de les réprimer.
Au début des évènements dans la wilaya de Ouargla, il y a une semaine, le même responsable politique avait affirmé que son parti suit avec «inquiétude» les manifestations populaires contre le chômage dans la wilaya, estimant que les revendications des protestataires sont légitimes.
En fin de journée de jeudi, le mouvement islamiste a annoncé que son groupe parlementaire a pris l’initiative de demander une commission d’enquête parlementaire sur le dossier de l’emploi et du développement dans le Sud, en plus de deux autres commissions d’enquête sur les feux de forêt et l’approvisionnement en eau potable.
K. A.