Les Algériens et la célébration des événements historiques : Se «réapproprier» le 5 Juillet
Abdelghani Aichoun, El Watan, 05 juillet 2021
L’intérêt que portent les Algériens aux dates importantes, le 1er Novembre, pour commémorer le déclenchement de la Guerre de Libération, et le 5 Juillet, Fête de l’indépendance, est plus important ces dernières années, alors qu’auparavant les deux événements n’étaient que l’apanage des structures et institutions officielles.
Le 59e anniversaire de la Fête de l’indépendance survient, cette année, dans un contexte particulier, marqué, au-delà de la crise, tant politique que socioéconomique, que traverse le pays, par une polémique relative à l’histoire du pays qui a abouti à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien député Nordine Aït Hamouda, fils du Colonel Amirouche.
Celui-ci, lors d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision El Hayat TV, avait évoqué l’Emir Abdelkader en des termes décriés par plus d’un. D’autres polémiques ont eu lieu lors des mois précédents, qui n’ont pas forcément atterri dans les tribunaux, notamment par rapport à Abane Ramdane, ou encore au Congrès de la Soummam et la déclaration du 1er Novembre.
Si dans un passé pas lointain, certaines de ces questions n’intéressaient, ou n’étaient soulevées que par des historiens ou des personnalités historiques ayant pris part à la Guerre de Libération nationale, aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, le débat s’est «démocratisé».
Il n’y a qu’à voir toute la passion que suscite le problème mémoriel entre l’Algérie et la France, surtout pour ce qui est de la position officielle française par rapport à cette question.
Même l’intérêt que portent les Algériens aux dates importantes, le 1er Novembre, pour commémorer le déclenchement de la Guerre de Libération, et le 5 Juillet, Fête de l’indépendance, est plus important ces dernières années, alors qu’auparavant les deux événements n’étaient que l’apanage des structures et institutions officielles.
Le Hirak glorifie les figures historiques
Il n’y a qu’à voir, par exemple, comment les manifestants du hirak les ont célébrées en 2019. On se souvient des manifestations grandioses organisées à l’occasion de ces deux dates qui ont, d’ailleurs, permis au mouvement, et à ces deux rendez-vous, de se remobiliser. Des slogans glorifiant la Guerre de Libération ou des figures historiques ont également été scandés.
Les portraits de certains de ces derniers sont à chaque fois brandis. Par ailleurs, des jeunes de plusieurs régions du pays ont pris, parfois sans concertation avec les autorités locales, l’initiative d’ériger des statues représentant leurs «héros». Le 1er Novembre et le 5 Juillet ne sont plus des dates commémorées par les autorités seulement mais par tous les Algériens qui s’identifient à ces dates à travers le sacrifice des martyrs et moudjahidine de la Guerre de Libération nationale.
Un sacrifice qui est évoqué encore par tous les militants de la cause démocratique pour mobiliser les citoyens d’une manière générale afin qu’ils poursuivent le combat.
C’est dans ce contexte de «réappropriation» des symboles du mouvement et de la Guerre de Libération nationale, y compris donc ces deux dates, qu’intervient cette année le 59e anniversaire de la Fête d’indépendance. Une halte qui en interpelle plus d’un sur ce qui reste à faire près de 60 ans après avoir vaincu l’une des plus puissantes armées du monde.
Sur le plan des libertés et de la démocratie, beaucoup de choses restent à faire. De nombreux Algériens sont conscients des défis qui les attendent sur ce plan. Se réapproprier son histoire est déjà un début. Pour le reste, tout dépendra des leçons qui vont être tirées des sacrifices du passé.