Le MSP explique son refus de participer au gouvernement

Nabila Amir, El Watan, 01 juillet 2021

Le Mouvement pour la société et la paix (MSP) dirigé par Abderrazak Makri a décidé de ne pas participer au gouvernement dont la formation est en cours. Réuni mardi, en session extraordinaire, le conseil consultatif (madjlis echoura) du parti a dit «non» à l’intégration au futur gouvernement.

La quasi majorité des membres de cette instance s’est exprimée pour le rejet de l’offre du chef de l’Etat, alors qu’initialement le patron du MSP et beaucoup de cadres de cette formation d’obédience islamiste étaient en faveur de la participation à un gouvernement de coalition nationale.

Pourquoi ce revirement ? Makri a expliqué hier, lors d’une conférence de presse animée au siège du parti, les raisons du refus comme il a donné des détails sur le contenu de son entrevue avec le président de la République.

Selon Makri, Tebboune leur a signifié que celui qui veut être dans le gouvernement doit adhérer à son programme électoral composé de 54 points. «Tebboune tient à son programme et il veut un Premier ministre qui exécutera à la lettre son programme, avec le soutien de la majorité présidentielle», relate Makri, qui rappelle que le MSP a son propre programme auquel il y tient aussi, mais qu’il était prédisposé à faire des concessions s’il avait trouvé une oreille attentive !

«Nous avons proposé au Président de prendre les points communs de nos programmes respectifs, qui sont nombreux, ainsi que les aspects positifs des deux programmes et discuter du reste. Mais nous n’avons trouvé ni le cadre ni avec qui poursuivre ces discussions», regrette le chef de file du MSP, qui est arrivé en 3e position avec 65 sièges. Makri n’a pas nié que son premier choix était de participer au gouvernement, mais il a fini par comprendre qu’il n’était pas possible de former une majorité parlementaire, dès lors que le reste des partis sont pour la majorité présidentielle.

Le phénomène de la fraude

«Pourtant, la logique politique aurait voulu qu’on aille vers une majorité parlementaire dès lors que tous ces partis étaient des concurrents de Tebboune lors de la dernière élection présidentielle : le FLN et le RND avaient soutenu la candidature de Azzedine Mihoubi, et Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina, respectivement chefs du Front El Moustakbal et du mouvement El Bina, étaient eux-mêmes candidats.»

Tout au long de la conférence, Makri n’a pas caché ses ambitions politiques : «Oui, nous voulons être au pouvoir et non une façade du pouvoir.» Ce qui a apparemment «déçu» et «fâché» la direction du mouvement, c’est cette impossibilité de choisir les portefeuilles ministériels, même si Makri affirme ne pas vouloir polémiquer autour de cette question.

«Il nous a été demandé de proposer une liste de 27 noms à remettre hier, et eux ils choisiront 4 ou 5 noms. Nous n’avons même pas la possibilité de choisir les ministères ou les noms qui seront retenus. C’est comme les fiches de vœux du bac», ironise-t-il. Makri a convoqué à cet effet l’histoire et rappelé l’expérience du MSP au sein de l’alliance présidentielle, dont la charte signée avec le FLN et le RND «n’a jamais été respectée».

L’autre raison qui a dissuadé le MSP à intégrer le gouvernement est le phénomène de la fraude qui a entaché les législatives du 12 juin. Tout en fustigeant les résidus de la îssaba, Makri est persuadé aujourd’hui que rien n’a changé et que les anciennes pratiques sont toujours de mise. Le hirak, dit-il, n’a pas atteint ses objectifs et le MSP sera la voix de l’opposition a l’hémicycle Zighoud Youcef.