Kamel Chikhi et ses coaccusés renvoyés devant le tribunal criminel
Affaire des 701 kg de cocaïne devant la chambre d’accusation
Salima Tlemcani, El Watan, 01 juillet 2021
La chambre d’accusation près la cour d’Alger a renvoyé, hier, l’affaire des 701 kg de cocaïne devant le tribunal criminel, validant ainsi les conclusions du juge d’instruction et la demande du parquet général. Une décision que la défense ne compte pas contester auprès de la Cour suprême. Le procès aura lieu la prochaine session criminelle, prévue au mois de septembre de l’année en cours.
Kamel Chikhi, le magnat de l’immobilier et importateur de la viande rouge, ainsi que ses cinq coaccusés dans l’affaire des 701 kg de cocaïne sont renvoyés devant le tribunal criminel. La décision a été rendue hier par la chambre d’accusation près la cour d’Alger, après examen du rapport du juge d’instruction de la 2e chambre du pôle pénal spécialisé près le tribunal de Sidi M’hamed, après trois ans d’enquête judiciaire.
Les magistrats ont validé les conclusions de l’instruction en vertu de laquelle Kamel Chikhi, plus connu sous le nom du «Boucher», ses deux frères, un de ses associés, son directeur commercial et un de ses agents exerçant au port d’Oran sont accusés de «constitution d’une organisation criminelle dans le but d’importer, de commercialiser et de distribuer de la drogue», et de «blanchiment d’argent», de ce fait, ils doivent être traduits devant le tribunal criminel pour répondre de ces actes.
«Aller vers un complément d’information»
Pour la défense, «il n’y a pas lieu de faire un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême et prolonger davantage la détention des six accusés. Nous nous contentons de cette décision, qui permettra à nos mandants d’aller vers un procès et de se défendre devant le tribunal. Nous nous attendions à un tel renvoi. Le juge d’instruction n’a fait aucun acte de procédure durant 18 mois. Ce qui veut dire qu’il n’y avait plus rien à ajouter. Aller vers un complément d’information, ce que certains de nos confrères craignaient, n’avait pas de sens. La décision de renvoyer l’affaire devant le tribunal était prévisible», nous déclare un membre du collectif de la défense.
Cela suppose que le procès de Kamel Chikhi et ses coaccusés aura lieu lors de la prochaine session criminelle prévue à la rentrée sociale, au mois de septembre. Cette affaire, faut-il rappeler, a éclaté le 26 mai 2018, après la découverte, par les gardes-côtes, de 701 kg de cette drogue pure à bord du navire MC Vega Mercury, en rade au port d’Oran, et dissimulée dans de la marchandise (de la viande en attente de débarquement), importée du Brésil par les sociétés de Kamel Chikhi.
Arrêté, ce dernier a sur le dos plusieurs affaires de corruption dans lesquelles il a été condamné. Elles concernent ses activités immobilières et dans lesquelles de nombreux fonctionnaires des domaines, du cadastre, du foncier, de l’administration locale, de la police, mais aussi des magistrats et des gradés de l’armée ont été cités avant d’être jugés et condamnés à des peines de prison, pour «octroi d’indus avantages», «perception d’indus cadeaux», «abus de fonction» et «dilapidation de deniers publics».
Entre-temps, l’enquête sur les circonstances de la présence de 701 kg de cocaïne contenus dans des boîtes en carton, les mêmes que celles de la viande, l’origine, les propriétaires et surtout la destination, a pris près de trois ans, au cours desquels le juge n’a pu apporter de réponses. L’énigme autour de cette affaire reste entière et il est peu probable qu’elle soit percée lors du procès qui se tiendra lors de la prochaine session criminelle.