Les partis du PAD se sont réunis hier à Alger: L’opposition s’organise
Madjid Makedhi, El Watan, 22 juin 2021
Réunis hier à Alger, les membres de cette coalition de partis de la mouvance démocratique ont décidé, selon Ouamar Saoudi, de «tenir une journée de réflexion sur des actions à mener».
Le rejet massif des législatives du 12 juin, marquées par un taux historique d’abstention et du boycott des urnes, donne visiblement des ailes aux partis de l’opposition qui ne se sont pas engagés dans cette joute. Ils estiment avoir vu juste et que la feuille de route du régime en place a subi un troisième revers en moins de deux ans : présidentielle du 12 décembre 2019, référendum du 1er novembre 2020 et législatives du 12 juin dernier.
Trois consultations qui ont confirmé un donne importante : la crise de confiance est sans précédent et le pouvoir a échoué à ramener les électeurs. Ce constat, explique Ouamar Saoudi, secrétaire national du RCD, est une preuve de «l’isolement du pouvoir», qui n’a plus suffisamment de clientèle pour sauver les apparences.
«Le cafouillage autour du taux de participation qu’ils n’ont pas ramené à une proportion acceptable suppose des interrogations : est-ce qu’il y a un accord au sommet du pouvoir ? Ce n’est visiblement pas le cas, car même la restauration symbolique du système avec la reconduction de l’alliance présidentielle est faible. Il n’y a pas de rapport de force favorable à cette option», souligne-t-il.
Face à ses échecs répétés, le pouvoir, selon le dirigeant du RCD, «a opté pour la répression». «Celle-ci n’était pas conjoncturelle finalement. C’est une option stratégique du pouvoir qui continue de brimer les libertés, en arrêtant et en emprisonnant les militants politiques et les activistes du hirak. C’est un signal inquiétant qui vient d’être donné», dénonce-t-il.
Face à cette situation, les forces du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD) préparent des actions. Réunis hier à Alger, les membres de cette coalition de partis de la mouvance démocratique ont décidé, selon Ouamar Saoudi, de «tenir une journée de réflexion sur des actions à mener». «Cette réflexion sera élargie à d’autres forces en dehors du PAD», précise-t-il, rappelant que le «rejet massif des dernières législatives est une autre forme de mobilisation des Algériens, après celle des manifestations hebdomadaires dans le cadre du hirak».
«Respecter le droit du peuple à décider de son sort»
Pour Ramadan Taazibt, cadre dirigeant du Parti des travailleurs (PT), l’avenir politique du pays «ne concerne pas seulement les partis». «Le fossé s’élargit entre le peuple et le pouvoir. A cela, il faut ajouter la crise économique, le malaise social profond et l’illégitimité des institutions. La situation est également intenable sur le plan des libertés démocratiques», résume-t-il.
Selon lui, les résultats des dernières législatives sont «une autre forme d’expression du ras-le-bol des millions d’Algériens qui ont boudé les urnes». «Les faits sont là. Le parti déclaré vainqueur, en l’occurrence le FLN, ne représente que 1,2% de l’électorat.
Donc le problème de légitimité se pose avec acuité», enchaîne-t-il. Ainsi, a-t-il indiqué, la «solution à cette crise ne viendra pas de ce que fait le pouvoir actuellement».
«Il faut redonner la parole au peuple algérien pour décider en toute souveraineté de son sort et de la manière d’édifier son Etat», dit-il, en rappelant la nécessité de passer par «une constituante souveraine» pour sortir le pays de ce bourbier.
Le responsable du PT appelle, dans la foulée, «à l’arrêt de la répression, à la libération inconditionnelle des détenus d’opinion et à la libération des champs politique et médiatique».