Rétrécissement des libertés en Algérie: 82 ONG saisissent le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU
Liberté, 19 juin 2021
Pas moins de 82 organisations non gouvernementales algériennes et internationales pour la défense des droits de l’Homme ont saisi, jeudi, les États membres du Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) leur demandant d’agir “de manière individuelle ou collective” contre la campagne de répression menée par les autorités contre les manifestants pacifiques, les journalistes, les partis et les membres de la société civile en Algérie.
Estimant que “la criminalisation incessante des droits fondamentaux justifie une réponse urgente”, ces ONG, dont la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh), le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), Amnesty International, Human Rights Watch, ou encore la Coordination maghrébine des organisations des droits humains (Cmodh), appellent “à agir pour arrêter l’escalade répressive dangereuse des autorités algériennes contre les forces pro-démocratiques au cours de la 47e session du Conseil des droits de l’Homme (CDH)”, lit-on dans la lettre adressée au CDH.
“Le niveau de répression a augmenté drastiquement et une position publique plus affirmée de la part des États est cruciale pour protéger les Algérien-ne-s exerçant leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion”, expliquent les initiateurs de cette énième action pour sensibiliser la communauté internationale sur le rétrécissement dangereux du champ des libertés en Algérie.
Ces organisations demandent aussi à ce que les États membres exigent “des enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et efficaces sur les allégations de torture et autres mauvais traitements, y compris les allégations de violences physiques, sexuelles et psychologiques en détention et d’agressions physiques pendant les manifestations — pour garantir que les auteurs présumés soient tenus pour responsables dans le cadre de procès civils équitables”, ne manquant pas de leur rappeler qu’il est également de leur rôle d’“exhorter les autorités algériennes à modifier ou abroger les dispositions trop larges du code pénal et autres lois utilisées pour réprimer les droits et libertés fondamentaux, notamment la loi 12-06 relative aux associations et la loi 91-19 sur les réunions et manifestations publiques, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP)”.
Pour rappel, plus de 250 manifestants, militants, enseignants universitaires, journalistes, avocats, etc., sont actuellement en détention et la liste ne cesse de s’allonger depuis début mai et au lendemain des élections législatives du 12 juin dernier. Certains ont déjà été condamnés et d’autres sont toujours en attente de leurs procès, dont certains ont été renvoyés à plusieurs reprises.
Lyès MENACER