Hirak : Des détenus d’opinion suspendent leur grève de la faim

Hocine Lamriben, El Watan, 16 juin 2021

Plusieurs détenus d’opinion, incarcérés à la prison d’El Harrach (Alger), ont suspendu, lundi dernier, leur grève de la faim pour des raisons de santé, a annoncé, hier, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.

Il s’agit de Mohamed Tadjadit, Malik Riahi, Soheib Debaghi, Noureddine Khimoud et Tarik Debaghi. En mai dernier, la chambre d’accusation de la cour d’Alger a confirmé les mandats de dépôt prononcés contre ces cinq militants du hirak. Ils ont été placés le 8 avril 2021 sous mandat de dépôt suite à leur présentation devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed à Alger.

M. Tadjadit et M. Riahi avaient été arrêtés dans la soirée du 4 avril dans un appartement à Aïn Benian (Alger) après perquisition de la police et ont été placés en garde à vue. Les autres ont été arrêtés à Barika (Batna) le lendemain, le 5 avril, à bord d’un véhicule et transférés vers Alger dans la soirée. Ils sont tous poursuivis pour «direction et organisation d’une association de malfaiteurs», «diffusion de fausses informations de nature à troubler l’ordre public», «atteinte à la vie privée d’un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale», «incitation à la débauche», ainsi que «détention de stupéfiants pour consommation».

Ces ex-grévistes de la faim figuraient parmi la soixantaine de détenus d’opinion qui ont observé une grève de la faim depuis dix jours pour «protester contre les conditions carcérales et aussi la lenteur des instructions de leurs dossiers», a précisé le CNLD. «En dépit de la détérioration de leur état de santé, ils sont déterminés à poursuivre leur grève de la faim», a signalé Zaki Hannache, militant des droits de l’homme, sur son compte Facebook.

Depuis quelques semaines, le régime semble déterminé à briser le mouvement de contestation afin d’appliquer sa «feuille de route» électorale, sans tenir compte des revendications du mouvement populaire.

Depuis l’annonce des législatives, rejetées en bloc par le hirak et l’opposition démocratique, le pouvoir a interdit les manifestations hebdomadaires du hirak et multiplié les arrestations et les poursuites judiciaires à l’encontre d’opposants politiques, de militants, d’avocats et de journalistes. Plus de 220 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le hirak et/ou les libertés individuelles en Algérie, d’après le CNLD.

Dans son dernier rapport annuel, l’ONG Amnesty International a dénoncé le fait que «cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestant(e)s pacifiques, des journalistes, des militant(e)s et des citoyen(ne)s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique».

Le département d’Etat américain a aussi épinglé l’Algérie dans son rapport sur la situation des droits humains dans le monde, dénonçant en particulier la détention arbitraire de prisonniers politiques, le manque d’indépendance de la justice et les restrictions à la liberté d’expression et de la presse.