Conflit du Sahara occidental : Washington évoque un changement d’approche

A. Z., El Watan, 12 juin 2021

Lors d’une réunion tenue fin mars avec le chef de l’ONU, Antonio Guterres, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait exprimé «le soutien des Etats-Unis aux négociations politiques» en vue de résoudre le conflit au Sahara occidental et «a exhorté le secrétaire général de l’ONU à accélérer la nomination d’un envoyé personnel au Sahara occidental».

Le département d’Etat américain a évoqué, mercredi, un changement d’approche de la part de l’administration Biden concernant la question sahraouie. «Je n’ai rien à annoncer pour le moment, mais je pense que si vous regardez le Sahara occidental dans le cadre de l’approche plus large de la région adoptée par l’administration précédente dans le contexte des accords d’Abraham, c’est là que l’on constate une certaine différence» d’approche, a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, lors d’un point de presse.

A une question de savoir comment l’administration Biden compte concilier le message sur le retour du multilatéralisme et la décision de s’en tenir jusqu’à présent à l’initiative de Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, M. Price a répondu que son département «consulte en privé les parties sur la meilleure façon de mettre fin à la violence et de parvenir à un règlement durable».

«Je n’ai rien de plus à annoncer pour le moment, mais je contesterai certainement la caractérisation selon laquelle il y aurait une continuité, y compris en ce qui concerne notre approche envers la région, depuis la dernière administration», a-t-il insisté selon l’APS qui a rapporté l’information.

Lors d’une réunion tenue fin mars avec le chef de l’ONU, Antonio Guterres, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait exprimé «le soutien des Etats-Unis aux négociations politiques» en vue de résoudre le conflit au Sahara occidental et «a exhorté le secrétaire général de l’ONU à accélérer la nomination d’un envoyé personnel au Sahara occidental».

Le nouveau responsable du département d’Etat avait aussi déclaré, lors de son audition de confirmation au Sénat américain, que certaines des incitations incluses dans les accords dits «d’Abraham» liés à la normalisation des relations de certains pays arabes avec l’entité sioniste méritaient de faire l’objet d’un «examen attentif», en référence implicite à certains avantages accordés par Donald Trump, dont la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

Lesdits «accords d’Abraham» qui ont permis à l’administration de l’ancien président Donald Trump de normaliser les relations de certains pays arabes avec l’entité sioniste doivent être «examinés attentivement», avait soutenu M. Blinken.

Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.

Moscou réitère sa position en faveur de la légalité internationale

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé que la position de Moscou vis-à-vis de la cause sahraouie «n’a pas changé», et que «le règlement définitif du conflit ne saurait être réalisé qu’à travers l’application des décisions pertinentes issues de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité relevant de l’ONU dans le cadre des mesures conformes aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies».

«La décision de l’ancien président américain, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental sape le cadre juridique international portant définition du statut final de ces territoires à travers un référendum sous les auspices de l’ONU», a déclaré la diplomate russe lors d’une conférence de presse tenue à Moscou.

Elle a également indiqué que la reprise des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario sous l’égide de l’ONU ainsi que la nomination d’un envoyé spécial devront relancer le processus de paix au Sahara occidental. APS