Algérie-Libye: Renforcer la coopération

R. N., Le Quotidien d’Oran, 31 mai 2021

Pendant que le président du Conseil présidentiel libyen atterrissait à Tunis à la tête d’une forte délégation, le chef du gouvernement libyen d’Union nationale, lui, le faisait à Alger pour deux jours en compagnie de plusieurs ministres.

Le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Menfi, est en effet arrivé samedi, à Tunis, pour une visite officielle de trois jours. Il rendait ainsi la visite au président tunisien, Kaïs Saïd, qui s’était rendu en visite officielle en Libye le 17 mars dernier. Il le faisait aussi au chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, qui était à Tripoli en visite de travail le 22 mai dernier. Annoncée par le ministre des Affaires étrangères lors de son ouverture du Forum économique algéro-libyen samedi, à l’hôtel El Aurassi, l’arrivée de Abdelhamid Dbeiba à Alger a eu lieu en fin d’après-midi de la même journée. Depuis deux ans, c’est la deuxième visite d’un officiel libyen à Alger après celle d’une journée que le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’Union nationale (GNA) libyen, Fayez Al-Sarraj, avait effectuée le 20 juin 2020 à Alger sans faire aucune déclaration publique. Le 24 février dernier, le ministère libyen des Affaires étrangères rendait public un communiqué par lequel il faisait savoir que «l’ambassadeur d’Algérie à Tripoli, Malek Abdelkader Hidjazi, a rencontré le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Union nationale, Mohamed Siyala, avec lequel il a discuté de la coopération entre la Libye et l’Algérie dans divers domaines, en particulier celui de l’énergie». Cet entretien a eu lieu après que l’Algérie eut envoyé des spécialistes en électricité pour aider les Libyens à remettre en l’état une partie de leur réseau électrique.

Les offres algériennes à la Libye

D’ailleurs, selon le même communiqué, le MAE libyen avait remercié «le groupe de travail algérien qui a contribué, aux côtés des techniciens libyens, à remettre en marche l’unité de la station El Khams». Le plus important est que le communiqué faisait état d’un message verbal que portait l’ambassadeur algérien à Syiala de la part de Boukadoum. «Le gouvernement algérien fait part de sa volonté de participer aux rounds du dialogue libyen qui se tiennent (…) et de sa disponibilité à aider à la formation de tout groupe désirant intégrer les services de sécurité libyens». Le 19 avril dernier, le MAE et celui de l’Intérieur s’étaient déplacés à Tripoli pour s’entretenir avec le chef du gouvernement d’Union nationale, Abdelhamid Dbeiba. Entre-temps, de nombreux rounds de dialogue s’étaient déroulés dans plusieurs pays arabes, Maroc, Tunisie, Egypte et autres étrangers dont les derniers à Genève qui ont abouti aux nominations des nouvelles autorités libyennes en prévision de la tenue d’élections générales programmées pour le 24 décembre prochain. Accompagné de plusieurs ministres, Dbeiba a été accueilli à l’aéroport par le 1er ministre, le MAE et celui du Commerce. L’évidence première est que le chef du gouvernement libyen est venu soutenir les demandes de facilitations de projets d’investissements formulées samedi et dimanche par ses compatriotes à l’adresse de leurs homologues algériens. Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé aux Libyens, présents à l’Hôtel El Aurassi avec à leur tête leur ministre de l’Economie et du Commerce, Mohamed El Houidj, « les efforts de l’Algérie pour que la Libye revienne à sa place dans le Maghreb, l’Afrique et le monde ». Les premières résolutions prises hier par les autorités algériennes, comme demandé par les Libyens, la réactivation de l’ensemble des accords bilatéraux dans plusieurs domaines économiques. C’est en tout cas ce qui a été annoncé après les entretiens entre ministres des deux pays, les Affaires étrangères, l’Intérieur et les Collectivités locales, l’Energie, les Travaux publics et les Transports, les Finances, le Travail et la Sécurité sociale, la Communication… Le plus important pour les autorités libyennes reste cependant l’engagement des responsables algériens à leur accorder davantage de soutien politique et d’aide sécuritaire pour que la Libye puisse reprendre ses territoires en main sans trop de danger.

«Des garanties pour échapper aux lobbys»

Après que la communauté internationale eut poussé à l’enclenchement d’un processus politique de transition en prévision d’élections générales, la priorité des priorités pour les autorités libyennes est que l’armée conventionnelle se structure et s’organise et que le pays soit débarrassé des centaines de mercenaires et des millions d’armes qui le minent. Le Forum économique algéro-libyen, qui a pris fin hier, a été organisé tant bien que mal avec le soutien actif et matériel des grandes entreprises nationales telles que les groupes Sonatrach et Cosider. Des difficultés de contacts entre les hommes d’affaires des deux pays se faisaient sentir en raison du nombre important de Libyens qui ont afflué vers Alger et de la méconnaissance de leurs profils par leurs homologues algériens. Le représentant du ministère libyen de l’Habitat a lancé samedi un appel aux promoteurs algériens pour, a-t-il dit, «vous engager dans des projets d’investissement dans le domaine du logement et la fabrication de matériaux de construction». Il a fait savoir que «la Libye a de nombreux programmes de logements à l’arrêt sans compter le nombre effarant d’habitations qui ont été détruites suite à la détérioration de la situation sécuritaire, leur reconstruction et la relance de ces programmes constituent une grande opportunité que les Algériens doivent saisir». Il a renseigné à cet effet « sur les grandes potentialités de la Libye en matière de verre, de gisements de plâtre, de ciment (…) ». Le président d’une association algérienne des entreprises du Sud a réclamé, lui, «des garanties pour qu’on puisse faire renter nos marchandises en Libye sans être empêchés par les lobbys »…