Avant la fin de l’année: Une nouvelle loi contre la traite des personnes

R. N., Le Quotidien d’Oran, 18 mai 2021

L’Algérie sera dotée, d’ici fin 2021, d’une loi «spécifique et exhaustive» destinée à lutter contre la traite des personnes et à protéger les victimes, a annoncé hier le président du Comité national de prévention et de lutte contre la traite des personnes, Lamine El-Hadj.

«Nous travaillons actuellement pour l’adoption d’une loi spécifique et exhaustive, qui sera prête d’ici la fin de l’année, et qui englobera tous les aspects liés à la traite des personnes», a-t-il déclaré à l’APS, en marge de «l’Atelier national sur la poursuite et le jugement des cas de traite des personnes».

Cette rencontre de trois jours est co-organisée par ledit comité ad hoc et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), portant sur «les échanges sur les défis, les bonnes pratiques nationales et simulation de la phase de procès». Destinée à une quarantaine de magistrats algériens, elle est animée, entre autres, par des experts et spécialistes nationaux, maghrébins, d’Italie, de Belgique, du Mali, des Etats-Unis.

Selon M. El-Hadj, «pour l’heure, il n’y a que le code pénal qui couvre ce type de crimes, dont certaines victimes sont assistées par le Croissant rouge algérien», indiquant que la nouvelle loi «qui sera soumise au nouveau Parlement réglera tous les aspects liés à cette question, y compris celle de la protection des victimes ainsi que les institutions qui en auront la charge». L’intervenant a également expliqué que l’objectif consiste à «faire le distinguo entre la traite des personnes et d’autres crimes comme l’immigration clandestine, même si des liens existent entre les deux».

La rencontre d’hier fait suite à d’autres organisées auparavant à l’échelle nationale en présence d’officiers de la police judicaire, l’enjeu étant «la coordination entre les institutions de la justice et de la police pour lutter efficacement contre ce phénomène qui, au vu du nombre réduit de cas en Algérie, n’est heureusement pas considéré comme un fléau».

Plus de 50.000 victimes dans le monde

Intervenant en ligne lors de la séance inaugurale, la Directrice régionale du Bureau de l’ONUDC pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Christina Albertin, a souligné «la nécessité d’une coopération internationale» dans ces domaines, rappelant la célébration, en 2020 à Palerme (Italie), du 20ème anniversaire de la Convention onusienne de lutte contre le crime organisé, laquelle est «avec 190 Etats membres la plus ratifiée de toutes».

Elle a également fait part de la tenue, ce jour à Vienne, de la 30ème session de «la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale» avec comme objectif d’arriver à «une riposte internationale» contre le crime organisé, et ce, tel que préconisé par les Objectifs 7 et 8 du Développement durable (ODD) de l’ONU. Mme Albertin a relevé, par la même occasion, le défi commun de «mettre fin aux violences et tortures subies par les enfants», déplorant que le dernier rapport onusien en matière de traite de personnes ait recensé plus de 50.000 victimes dans le monde. «Il s’agit des données officiellement communiquées par les Etats, ce qui suppose que le phénomène est beaucoup plus important sur le terrain», a-t-elle ajouté, considérant que «beaucoup reste à faire à ce sujet», elle a plaidé pour que «les systèmes judiciaires de par le monde identifient ces crimes de manière objective et de sorte à respecter les droits de l’homme et à lutter contre les injustices».