30 embarcations de harraga débarquent en 48 heures à Almeria

Ruée vers l’Espagne
 
Liberté, 10 mai 2021

 Un  expert  en  politique  migratoire, cité  par  la  presse  espagnole, brosse un tableau prévisionnel  sombre du  phénomène  de la harga.  Il affirme que les prochains mois “pourraient nous  mettre face  à  la  pire  vague d’immigration illégale des dix dernières années”.

En à peine 48 heures, plus de 30 embarcations de harraga sont arrivées sur les côtes d’Almeria, a indiqué le journal espagnol Okdiario, dans son édition d’hier, dimanche, sans, toutefois, préciser le  nombre de personnes  qui se trouvaient  à  bord  de  ces  “pateras”.   Ruben  Pulido,  expert  en  politique migratoire, cité par le  tabloïd  numérique, parle  de  chiffres  qui dépassent la moyenne, évoquant “une hausse assez notable par rapport aux données des dernières années”.

Il brosse un tableau prévisionnel sombre puisqu’il affirme que les prochains mois “pourraient nous mettre face  à  la  pire  vague  d’immigration illégale des dix dernières années”. Il souligne, en outre, qu’il faudrait également comptabiliser les embarcations qui n’ont pas été interceptées par les gardes-côtes espagnols, ce qui augmenterait le chiffre des arrivées. Une remarque déjà faite en mars dernier au site

EuroWeeklyNews après l’interpellation de huit sans-papiers algériens, alors qu’ils traversaient la  campagne de la région d’Almeria. Ruben Pulido avait alors mis  en  évidence  l’insuffisance des effectifs des services de sécurité espagnols face  à  l’arrivée  des  embarcations  d’immigrés  clandestins  en provenance particulièrement des côtes ouest de l’Algérie.

En  effet, des  plages  d’Oran, particulièrement  celles d’Aïn El-Turck, et les criques de Kristel, de Ténès (Chlef), des  grottes  de  Sidi  Mansour et des rivages de  Stidia  (Mostaganem),  des  rivages  d’Aïn  Témouchent  et  de Tlemcen, les harraga profitent de toutes les côtes pour les transformer en plateformes de départ. Mais le point géographique le plus proche d’Almeria reste encore Cap Falcon, à en croire les spécialistes de la harga. Aussi, la météo clémente de ces derniers jours ainsi que le Ramadhan où l’on parie sur le manque de vigilance des garde-côtes sont considérés comme des atouts par les harraga.

L’expert en politique migratoire, toujours cité par Okdiario, affirme que “selon des sources algériennes, la situation à la source est assez incontrôlée après que des trafiquants tunisiens ont également pris part aux départs depuis le sol algérien”. Une assertion difficile à vérifier en l’absence de données réelles et de déclarations des autorités algériennes à ce propos.

Si  des  arrestations  de  passeurs  ont  eu  lieu  et  des  réseaux  spécialisés démantelés en Algérie, ils n’ont concerné jusque-là que des nationaux. Même les passeurs arrêtés en Espagne sont des Algériens.

La  dernière  opération  de  la  brigade  provinciale  des frontières a permis d’appréhender trois Algériens en Andalousie pour trafic de migrants. Pour rappel, en 2020, 11 200 migrants sur les 41 000 arrivés en Espagne étaient des Algériens, selon des chiffres officiels du gouvernement espagnol.

En 2021, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes a enregistré  l’arrivée  de  plus  d’un  millier  de  migrants  en  Espagne, des statistiques qui ne concernent que les deux premiers mois de cette année. Tout  comme  2020, les  Algériens  étaient  largement  en  tête  de  ce classement avec 758 migrants clandestins, ce qui représente 61% du total recensé jusque-là.
 

SAïD OUSSAD