Activités partisanes : L’UCP et le PST dans le collimateur du gouvernement

Hocine Lamriben, El Watan, 24 avril 2021

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, avant-hier, avoir engagé des procédures judiciaires contre l’Union pour le changement et le progrès (UCP), un parti présidé par Zoubida Assoul, au motif qu’il évolue dans une situation «illégale».

Dans son communiqué publié sur sa page Facebok, le département de Kamel Beldjoud a souligné que ce parti «n’a pas donné suite à la mise en demeure qui lui a été adressée concernant la conformité de son statut juridique». Les services du ministère de l’Intérieur ont enregistré «la situation illégale du parti UCP, dont les activités ne sont pas conformes à la législation en vigueur, notamment la loi organique 12-04 relative aux partis politiques», ajouté la même source.

Le ministère a évoqué «la poursuite par Zoubida Assoul de l’exercice d’activités en tant que présidente de l’UCP, en dépit de la cessation de son statut juridique, conformément aux dispositions des statuts du parti».

Les «agissements de la personne en question» sont également «contraires aux dispositions juridiques encadrant l’action politique», a en croire le ministère de l’Intérieur. Le département de Kamel Beldjoud a appelé Zoubida Assoul à «l’impératif d’assumer l’entière responsabilité des retombées de la situation illégale actuelle et de ces agissements».

L’ancienne magistrate, très impliquée dans la défense des détenus d’opinion, n’a pas encore réagi à la décision du ministère de l’Intérieur. Pour sa part, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), qui a exprimé sa solidarité avec la présidente de l’UCP, a dénoncé via Facebook une «cabale» politique contre les partis de l’opposition, dont celui de l’UCP.

L’annonce du ministère de l’Intérieur intervient quelques semaines après l’annonce par l’UCP de son boycott des prochaines législatives anticipées. «L’UCP rejette aussi bien dans la forme que dans le fond ces élections, comme celles qui les ont précédées», a indiqué fin mars un communiqué du parti, motivant sa décision par le fait que «les élections législatives du 12 juin 2021 proposées par le chef de l’Etat dans les circonstances actuelles ne peuvent en aucun cas être une solution à la crise». Son parti a rejoint ceux de l’opposition démocratique, qui ont décidé de ne pas participer aux prochaines législatives, rejetées aussi par le hirak.

En février dernier, la présidente de l’UCP avait appelé le président Tebboune à convoquer une présidentielle anticipée pour l’année 2022, afin de sortir de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Outre la formation d’«un gouvernement d’union nationale», la dirigeante de l’UCP avait aussi appelé «la libération et la réhabilitation de tous les détenus politiques et d’opinion, l’ouverture des champs politique et médiatique, l’abrogation de toutes les lois liberticides et anticonstitutionnelles».

Pour sa part, le Parti socialiste des travailleurs (PST) a affirmé avoir reçu le 11 avril un courrier du ministère de l’Intérieur dans lequel il lui est demandé de «mettre en œuvre les procédures organisationnelles statutaires afin de se conformer avec la législation en vigueur relative aux partis politiques».

Il s’agit plus particulièrement de communiquer au ministère la liste renouvelée des membres des instances nationales du parti, et ce, dans un délai de seulement 15 jours, a précisé parti. Ce dernier a dénoncé des «pressions juridiques et administratives» lesquelles constituent une «escalade dans l’autoritarisme et les atteintes aux libertés démocratiques à l’approche du scrutin du 12 juin prochain.»

Pour le PST, «les lois en vigueur, notamment celles régissant les partis politiques, constituent une entrave au libre exercice des libertés et des droits démocratiques, notamment la liberté d’organisation en partis politiques ou en associations, qui devrait obéir à un régime déclaratif». Le PST tiendra son congrès extraordinaire aujourd’hui, à son siège national à Alger.