Pour mettre fin à la violence et au harcèlement sur leur lieu de travail
Les femmes réclament la ratification de la Convention 190 de l’OIT
Liberté, 29 mars 2021
La commission de l’UGTA exige des autorités des mesures pour protéger les femmes des violences et harcèlements dans le milieu du travail et domestique. À charge aux entreprises d’adopter des plans de prévention.
Le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et des femmes (Ciddef) et la Commission nationale des femmes travailleuses de l’UGTA ont appelé hier, lors d’une rencontre intitulée “Pour un monde de travail exempt de violence et de harcèlement”, à la préservation de l’intégralité du congé de maternité et à la ratification de la convention 190 de l’Organisation internationale du travail et sa recommandation 206 relative à la violence et au harcèlement au travail adoptée à Genève en juin 2019.
“Aujourd’hui, les syndicats du monde entier font campagne pour la ratification de cette convention. Ce qu’a, aussi, demandé l’UGTA au Premier ministre le 25 novembre 2020, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes”, a soutenu dans son allocution d’ouverture Soumia Salhi, présidente de la Commission nationale des femmes travailleuses (CNFT). La recommandation 206 de la Convention 190 de l’OIT reconnaît, précise-t-elle, “le droit à toute personne à un monde du travail sans violence ni harcèlement, en particulier les actes de violence qui ciblent les femmes. Des mesures doivent être prises aussi pour atténuer l’impact de la violence domestique”.
La Commission nationale des femmes travailleuses de l’UGTA a entamé sa campagne début mars par la mobilisation de la Fédération nationale du textile et des cuirs, suivie par deux regroupements régionaux, l’un à Bordj Bou-Arréridj et l’autre à El-Bayadh. Elle exige des autorités des réponses législatives pour protéger les victimes des violences sexistes et sexuelles.
Comme obliger les entreprises, sous peine de sanctions, à adopter des plans de prévention et à mettre en place des politiques visant à détecter, à accompagner et à orienter les victimes de violences.
Elle réclame aussi des aménagements d’horaires, de poste, des congés payés, la possibilité d’une mobilité fonctionnelle et géographique choisie, ainsi qu’une prise en charge médico-sociale et psychologique des victimes, sans frais. La présidente du Ciddef, Nadia Aït Zaï, a, pour sa part, estimé que la Convention 190 est un “nouvel instrument puissant qui vise à éliminer la violence et le harcèlement en milieu du travail que l’Algérie doit absolument ratifier”.
Nadia Aït Zaï explique que “l’expression violente et le harcèlement dans le monde du travail s’étendent à l’ensemble des comportements et de pratiques inacceptables, ou de menaces qui se produisent à une seule occasion ou de manière répétée susceptible de causer un dommage d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique, et comprend la violence et le harcèlement fondé sur le genre”.
Souad Charid, membre du bureau de la Commission nationale des femmes travailleuses, a axé son intervention “sur les atteintes au droit à l’intégralité du congé de maternité. Il est temps de se préoccuper des femmes privées de congé de maternité, à la suite d’absences même autorisées par l’employeur, liées aux complications de leur grossesse. Les mamans doivent bénéficier des 98 jours de maternité pour se rétablir et s’occuper du bébé”.
En attendant de revoir la législation en vigueur, Souad Charid recommande aux femmes enceintes d’éviter “toute absence, sauf arrêt de travail pour maladie et ce, pendant les six derniers mois de grossesse, au risque de se voir rejeter le dossier de maternité”.
Nissa H.