Sur décision de la Cour suprême: Abdelghani Hamel sera rejugé

Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 13 mars 2021

Un troisième procès attend Abdelghani Hamel et les membres de sa famille. Ils seront rejugés pour enrichissement illicite et obtention d’indus avantages suite à une décision de la Cour suprême d’accepter la cassation introduite par leurs avocats.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – C’était une décision très attendue naturellement par les parties concernées car pareille décision offre de nouvelles chances de pouvoir se défendre et apporter de nouveaux éléments à même de modifier la peine prononcée en seconde instance. Il faut dire que la cour d’Alger avait déjà revu à la baisse le premier verdict prononcé par le tribunal de Sidi-M’hamed à l’encontre de l’ancien patron de la DGSN.
De quinze ans, la sentence est passée à douze ans et elle était assortie d’une amende de huit millions de DA. La différence entre les deux verdicts est due au fait que la cour d’Alger ait rejeté le chef d’accusation de non-déclaration du patrimoine. Étant militaire, le tribunal a pris en compte la réglementation en vigueur qui n’astreint pas cette catégorie à cette obligation.

Les peines ont été également revues à la baisse pour les membres de la famille Hamel. Son épouse a été condamnée à une année de prison, au lieu de deux, et à un million de DA d’amende.
Sa fille Chahinez a écopé de deux années de prison, dont une avec sursis, au lieu de trois ans. Contrairement au père et à ses trois fils, elles ont été laissées en liberté, un acte de clémence des magistrats « qui ne pouvaient mettre toute une famille en prison », expliquent des avocats. Amiar, Chafik et Mourad Hamel ont, eux, écopé de cinq et sept ans de prison.
La cour d’Alger a, cependant, confirmé la décision du tribunal de Sidi-M’hamed de procéder à la saisie de tous les biens de la famille ainsi que l’amende de 32 millions de DA infligée à l’encontre des sociétés appartenant à l’épouse et aux enfants Hamel.
Du procès qui s’est déroulé en seconde instance (en août dernier), l’opinion retiendra particulièrement les graves accusations lancées par Abdelghani Hamel à l’encontre du général Beleksir, ancien patron de la Gendarmerie nationale et de l’ex-commandant de la 2e Région militaire.
Appuyé par ses avocats, il s’est dit victime d’un complot qui tire ses origines d’une demande d’enquête, faite par la présidence, sur la situation de la famille Beleksir car le fils de ce dernier prétendait à la main de la nièce du Président Bouteflika. Hamel a également accusé l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh d’avoir interféré dans les enquêtes le ciblant.
Durant leurs plaidoiries, ses avocats ont également évoqué un complot visant à mettre fin à toute velléité de leur client de prétendre à la succession de Abdelaziz Bouteflika.
Le tribunal, lui, s’en est tenu aux faits pour lesquels était poursuivi l’accusé, à savoir blanchiment d’argent, abus de fonction et enrichissement illicite.
Ce n’est pas la première fois que la Cour suprême accepte les cassations introduites dans les affaires liées à la corruption. La célérité avec laquelle les verdicts ont été rendus, a d’ailleurs été commentée par de nombreux avocats qui y perçoivent une volonté d’accélérer les procédures dans des procès qui risquent de durer de très longues années et maintenir ainsi une situation exceptionnelle sur le pays. Jusqu’à l’heure, on remarque que les procès tenus après cassation de la Cour suprême n’ont rien changé aux sentences prononcées.
Dans l’affaire du montage automobile, les deux anciens Premiers ministres Ouyahia et Sellal ont vu leurs peines confirmées, quinze et douze ans. Les deux anciens ministres de l’Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, ont été, eux, blanchis dans l’accusation de « corruption » avec maintien, cependant, des peines, trois ans et deux ans, et de l’amende d’un million de DA chacun.
Une extinction des poursuites a été prononcée pour Abdelmalek Sellal et Abdelghani Zaâlane dans l’affaire du financement occulte de la campagne électorale jugée en même temps que celle du montage automobile.
A. C.