Conséquence de la baisse de la valeur du dinar : La hausse des prix s’installe

Khelifa Litamine, El Watan, 07 mars 2021

Si le taux d’inflation exprimé par l’Office national des statistiques (ONS) ne dépasse pas 2,6% pour le mois de janvier dernier, la réalité sur le terrain est tout autre. Une flambée des prix sans précédent est enregistrée quotidiennement dans les marchés et les différents étals des grandes surfaces.

Le pouvoir d’achat des ménages ne cesse de subir des érosions successives et met à mal les budgets familiaux qui bouclent le mois difficilement. A l’approche du mois de Ramadhan, la pression sur la demande des produits alimentaires et agricoles s’intensifie et provoque une hausse des prix hallucinante, ouvrant ainsi la voie aux pratiques spéculatives sur les marchés.

Si les ménages pointent du doigt les commerçants qui sont derrière cette hausse, d’autres facteurs sont à l’origine de cette flambée des prix. Entre autres, la baisse de la valeur du dinar algérien qui a impacté directement les intrants des matières premières, ce qui s’est répercuté directement sur les prix de certains produits de large consommation.

Dans des conditions pareilles, les spéculateurs ne ratent pas l’occasion et manipulent l’offre et la demande, à l’instar de la pomme de terre qui a atteint les 70 DA le kg dans les marchés du gros, ce qui a fait réagir l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev), qui a déstocké mardi dernier d’importantes quantités de pomme de terre et les a mises sur le marché de gros dans l’espoir de réguler les prix et éviter la spéculation autour de ce produit de large consommation.

Les huiles de table ont eu aussi connu une hausse des prix ces derniers temps, provoquant l’indignation des détaillants et surtout des consommateurs. Là aussi le principal producteur de ce produit alimentaire essentiel, en l’occurrence le groupe Cevital, a réagi en expliquant aussi la hausse des prix de certaines gammes de ses produits par l’augmentation des prix des matières premières sur les marchés internationaux, soulignant que la flambée ne concerne pas que les huiles, mais «elle touche également d’autres produits, comme les pâtes alimentaires et le lait, pour ne citer que ceux-là».

Ainsi, l’inflation touche de plus en plus les produits essentiels de large consommation, surtout ceux qui ne sont pas subventionnés, à l’instar de l’eau minérale, dont le prix du fardeau de 6 bouteilles a grimpé entre 15 Da et 30 Da.

Ces premières hausses constatées sont causées par la baisse de la valeur du dinar algérien, qui ne cesse de dégringoler sur le marché de change officiel. Cette semaine, l’euro s’échangeait à plus de 160 DA à la banque, et le dollar à 133 DA. Selon les prévisions de la loi de finances 2021, la monnaie nationale connaîtra encore une baisse dans les prochains mois, pour finir l’année à environ 142 DA pour 1 dollar. Par conséquent, les répercussions seront encore plus importantes et les prix risquent de poursuivre leur courbe ascendante jusqu’à la fin de l’année.

Par ailleurs, certains financiers n’ont pas manqué de souligner que cette inflation constatée sur les marchés en Algérie est aussi due en partie à la politique de la planche à billets pratiquée durant ces deux dernières années, avec le lancement du financement non conventionnel en 2017.