Hirak : Sami Dernouni affirme avoir été torturé lors de sa garde à vue
Madjid Makedhi, El Watan, 04 mars 2021
Nouvelle dénonciation de la torture dans les locaux des services de sécurité. Quelques jours après les révélations faites devant le tribunal par le jeune étudiant Walid Nekkiche, qui ont contraint les autorités judiciaires à ouvrir une enquête, un autre détenu du hirak affirme lui aussi avoir été victime de sévices pendant sa garde à vue.
Il s’agit de Sami Dernouni, une jeune hirakiste de la wilaya de Batna, arrêté en décembre 2020 et jugé mardi p ar le tribunal de Tipasa. Selon ses avocats, l’accusé a affirmé, devant le juge, qu’il a été victime de «tortures» dans les locaux de la caserne «Antar», où il a été interrogé pendant 106 heures. «Sami Dernouni a fait des déclarations très graves devant le juge et le représentant du parquet. Il a affirmé qu’«il ‘‘a été déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser’’», précise Me Ali Fellah, membre du collectif d’avocats de Sami Dernouni et de l’enseignante Namia Abdelkader, jugée, elle aussi, dans la même affaire.
L’accusé, ajoute-t-il, a affirmé que tous les «propos contenus dans le PV d’audition ne sont pas les siens». Selon Me Abdallah Heboul, le dossier de Sami Dernouni est entaché de plusieurs «irrégularités, dont la privation du concerné d’un examen médical». «Il a été maintenu en détention pendant 106 heures. Il est obligatoire de le présenter devant un médecin. Mais cela n’a pas été fait. Dans le PV, il est dit que l’interrogatoire a eu lieu à Blida, alors que Sami Dernouni dit qu’il a été maintenu en garde à vue à la caserne Antar qui est située à Alger», déclare l’avocat.
Pour rappel, Sami Dernouni est poursuivi pour «incitation à attroupement», «atteinte à l’unité nationale», «atteinte à la sécurité nationale». Lors du procès, le procureur a requis 10 ans de prison ferme à son encontre. Le verdict sera rendu le 9 mars prochain.