Selon des analystes politiques: La dissolution de l’APN, une «décision judicieuse»

El-Houari Dilmi, Le Quotidien d’Oran, 22 février 2021
 
Experts, analystes politiques et autres observateurs de la scène politique sont d’avis que la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, décidée par le président de la République, est une «bonne chose» pour le pays.

«Tout le monde sait dans quelles conditions l’Assemblée populaire nationale dissoute a été élue et comment l’argent sale est rentré en ligne de cause», a indiqué hier dimanche, Mustapha Hedam, analyste politique, sur les ondes de la Radio nationale. Estimant que l’Algérie «a d’abord besoin d’institutions vertueuses et légitimes», Mustapha Hedam a également déclaré que «le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été fidèle à ses engagements de campagne, d’abord par la mise en place d’une nouvelle constitution puis la dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale», a-t-il souligné. Selon l’analyste politique, le Président Tebboune «a déjà commencé à œuvrer dans cette optique, et ce, en ouvrant la porte du débat avec l’ensemble de la composante de la classe politique, qui est nécessaire pour la refondation des institutions de notre pays», a-t-il indiqué, ajoutant que « quand on parle de retour de la légitimité, cela veut dire l’adhésion du peuple à une démarche et c’est ce que notre président fait actuellement », a-t-il estimé. Au sujet du remaniement ministériel, annoncé par le Président de la République, l’invité de la Radio a tenu à souligner que «cela ne changera pas grand chose; ce n’est pas parce que vous changez de ministres, au sein de départements ministériels, que d’une minute à l’autre, la situation s’améliorera », a-t-il dit. L’analyste politique a également jugé que la décision de remanier l’équipe gouvernementale a été «prise par le Président de Tebboune suite aux nombreuses bourdes, commises par des ministres, dans la gestion de la crise sanitaire», a-t-il affirmé. « Un gouvernement qui ne réagit pas, qui n’est pas réactif et qui est incapable d’imaginer ne peut pas gouverner », a-t-il encore estimé, ajoutant qu’il «nous manque cette capacité de mener une démarche prospective afin de mener les décisions à leurs fins», a-t-il dit. Pour sa part, le Pr Mohand Berkouk, politologue et expert des questions géopolitiques, a estimé que la décision de dissoudre la chambre basse du Parlement, prise par le président Tebboune, est une «décision judicieuse, allant dans le sens d’une restructuration du système politique dans son ensemble, et un changement réel permettant l’émergence d’un pouvoir législatif crédible et capable d’assurer sa mission de contrôle du travail de l’exécutif». Intervenant sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio nationale, l’expert des questions géopolitiques, a encore estimé que «le pouvoir législatif est l’émanation réelle de la volonté populaire et la participation du citoyen à la vie politique, et l’expression effective d’institutions capables d’assumer ses missions de contrôle du pouvoir exécutif», a-t-il souligné. «Le scrutin législatif de 2017 a été marqué par nombre d’insuffisances et de dépassements, ce qui lui a fait perdre en crédibilité», a encore indiqué Mohand Berkouk, rappelant, à ce titre, que la «dissolution de l’APN est venue pour refonder l’architecture du système politique en droite ligne de la nouvelle Constitution qui a mis en place une nouvelle articulation des rôles des différentes institutions politiques, compris l’Assemblée populaire nationale», a-t-il souligné. Rebondissant sur le dernier discours du chef de l’Etat, le politologue a estimé que son intervention à l’adresse de la Nation renfermait «des signes probants pour une refondation globale du système politique et la relance de l’économie nationale sur la base de trois valeurs essentielles, à savoir la valeur de la solidarité, celle de la citoyenneté considéré comme l’essence même du pouvoir, et enfin la valeur de la stabilité pérenne grâce à une vraie synergie des différentes forces vives du pays et une meilleure harmonie sociale». «Le président travaille actuellement à redonner une crédibilité au système politique en renouvelant les bases du travail politique, avec les retombées positives attendues comme un rééquilibrage entre les différents pouvoirs, et une réactivation du rôle du citoyen dans son pouvoir de choisir celui qui le représente via des élections libres et transparentes seul moyen de permettre l’érection d’une institution législative efficiente», a-t-il déclaré.

Au sujet de la position de l’Algérie sur le dossier libyen, Mohand Berkouk, a estimé que l’Algérie a une «politique claire à l’égard de cette question», ajoutant que «seule une solution pacifique avec l’émergence d’institutions élues est susceptible de résoudre le problème», a-t-il indiqué, de même que le dossier malien au sujet duquel il a estimé que «seul un retour à la stabilité dans ce pays sur la base d’une nouvelle plate-forme politique était à même de trouver une solution consensuelle». L’expert des questions géopolitiques a, enfin indiqué, que «fidèle à sa position constante et immuable, l’Algérie défend et défendra toujours le droit du peuple sahraoui à décider de son destin par l’organisation d’un référendum d’autodétermination».