Enlèvement et assassinat d’Hervé Gourdel : Un des sept auteurs présumés aujourd’hui devant le tribunal criminel
Salima Tlemcani, El Watan, 04 février 2021
Plus de six ans après l’enlèvement et l’assassinat du guide de montagne français, Hervé Gourdel, le procès des auteurs présumés aura lieu aujourd’hui devant le tribunal criminel d’Alger à Dar El Beida.
Pas tous. Sur les huit poursuivis pour «kidnapping», «tortures», «homicide volontaire avec préméditation», «création et organisation d’un groupe terroriste armé», un seul : Abdelmalek Hamzaoui est en détention. Les sept autres, Mohamed Hamzaoui, Abderrahmane Moumen, Karim Mazit, Abderrahmane Charef, Redouane Takbour, Salim Selami, Ahmed Ziane, sont en fuite et seront jugés par contumace pour les mêmes faits, passibles de la peine de mort.
Cinq autres mis en cause, laissés en liberté, comparaîtront devant la même juridiction pour les délits de «non-dénonciation de crime» et de «non-déclaration aux autorités compétentes de l’hébergement d’un étranger».
Les faits remontent à l’année 2014, lorsque Hervé Gourdel, âgé de 55 ans, un passionné de randonnée en montagne, invité par des randonneurs algériens, se rend en Algérie, pour la découverte de sites d’escalade, dans le massif du Djurdjura, plus exactement dans la région montagneuse de Aït Ouabane, à plus d’une centaine de kilomètres de Tizi Ouzou.
Avec ses cinq accompagnateurs, il part à l’aventure sans se douter que dans cette région, où le groupe a décidé de faire une halte nocturne (21 septembre), se trouvaient de nombreux terroristes. Ils font irruption en plein milieu de la nuit et kidnappent les six randonneurs. Le lendemain (14 heures après) les cinq accompagnateurs algériens sont relâchés, alors que Gourdel est gardé comme otage.
Quelques heures après, le groupe Djound Al Khalifa, que dirige alors Abdelmalek Gouri, affilié à Daech, revendique l’enlèvement. Il exige, en contrepartie de la libération de Gourdel, l’arrêt des opérations militaires françaises en Irak, et menace d’exécuter l’otage à l’issue d’un ultimatum de 48 heures.
Le 24 septembre, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre la décapitation d’Hervé Gourdel, suscitant indignation et condamnation au niveau national et international.
Dans ce massif du Djurdjura, à Tizi Ouzou, d’importants moyens humains et matériels sont déployés par les unités de l’ANP pour retrouver les traces de ce groupe qui avait, quelque temps avant l’enlèvement de Gourdel, mené une embuscade meurtrière contre un convoi de militaires, tuant onze d’entre eux.
La première confrontation avec les terroristes a eu lieu au mois de décembre, soit deux mois après l’exécution de Gourdel.
Grâce à des informations fournies par des citoyens, faisant étant de la présence d’individus armés, les unités de l’Anp, éliminent l’émir de Djound Al Khalifa, Abdelmalek Gouri, connu sous le pseudonyme de Khaled Abou Souleimane, dans la région des Issers, à Boumerdès, et blessé grièvement un de ses accompagnateurs, Rabah Tarfi, condamné à plusieurs reprises pour des actes terroristes, notamment pour des attentats kamikazes.
Quelque temps après, c’est Abdelmalek Hamzaoui, qui sera arrêté. Ses aveux vont permettre aux services de sécurité de localiser, en début du mois de janvier 2015, le lieu (en montagne d’Akbil à Ain El Hammam) où le corps de Gourdel avait été enterré. Exhumé, ce dernier a été rapatrié au mois de janvier 2015 en France, pour des funérailles à Nice.
Des éléments ayant pris part à cet acte terroriste ont pu être identifiés avant que bon nombre d’entre eux ne soient abattus par les forces de sécurité.
A l’issue d’une autre opération militaire, à Médéa, les autorités annonçaient au mois de juin 2016 l’identification des trois terroristes abattus, présentés comme faisant partie des auteurs présumés de l’enlèvement de Gourdel, à savoir Mohamed Serradj, Mahieddine Herdafi, et Rabie Ayachi, tous faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux pour des activités terroristes.
Ce qui fait un total de six membres de Djound Al Khalifa éliminés en trois mois et un seul arrêté. Il comparaîtra aujourd’hui devant le tribunal criminel d’Alger, alors que sept autres sont toujours en fuite.
Identification des six terroristes abattus début janvier à Tipasa
Les six terroristes abattus lors d’une opération exécutée par des détachements l’Armée nationale populaire (ANP) à Messelmoune dans la wilaya de Tipasa, les 2 et 3 janvier dernier, ont été identifiés, a annoncé hier le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. «Il s’agit des dénommés Ould Bouamama Ali qui avait rallié les groupes terroristes en 1998, Namoudi Hassan, qui avait rallié les groupes terroristes en 2008, Namoudi Fethi, qui avait rallié les groupes terroristes en 2008, Bouira Mohamed Amine qui avait rallié les groupes terroristes en 2018, Tarzout Fayçal qui avait rallié les groupes terroristes en 2019 et Belhabchia Mohamed», est-il précisé dans un bilan opérationnel de l’Armée nationale populaire (ANP). L’opération s’était soldée également par «la récupération de 6 armes à feu et une quantité de munitions», rappelle la même source. A. Z.