Justice : L’ancien chef de la sécurité intérieure d’Alger placé en détention

Salima Tlemcani, El Watan, 28 janvier 2021

Convoqué lundi dernier par le tribunal militaire de Blida, le colonel Smail, ancien chef de l’antenne de la sécurité intérieure pour Alger, a été placé sous mandat de dépôt.

L’officier a été cité dans les deux affaires, pour lesquelles son ancien chef, le général-major à la retraite, Bachir Tartag, a été placé en détention. Entendu durant plusieurs heures par le juge d’instruction, le mis en cause a été inculpé et incarcéré à la prison militaire de Blida.

Selon nos sources, le magistrat l’aurait entendu sur deux dossiers distincts, dans lesquels, il aurait été cité, à savoir ceux de «Mme Maya» prétendue fille cachée du Président déchu, de son vrai nom Zoulikha Nachinèche, et d’El Wafi Ould Abbès, en fuite à l’étranger, fils de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, (en détention pour une affaire de corruption).

L’enquête a été ouverte en décembre dernier et visait les conditions dans lesquelles les perquisition opérées en début d’année 2017, par les officiers de la sécurité intérieure, sur ordre du général-major à la retraite Bachir Tartag, alors coordinateur des services de renseignement, dans la villa de Mme Maya et celle d’El Wafi Ould Abbès, toutes les deux situées dans la zone d’Etat de Moretti, à l’ouest de la capitale. Pour le magistrat instructeur, il y a eu «non-respect flagrant de la procédure».

Dans le dossier de Mme Maya, une somme de 95 millions de dinars et 17 kg de bijoux en or ont été saisis, au mois de février 2017, selon le parquet de Chéraga, mais quelques jours après, ordre a été donné pour stopper l’enquête, les mis en cause libérés et le dossier mis sous cloche durant 26 mois.

Ce n’est que le 7 juillet 2019 que les services de la Gendarmerie nationale ont repris l’enquête, sur instruction du tribunal de Chéraga, en auditionnant toutes les personnes impliquées, lesquelles ont été présentées et placées en détention. Reste cependant la somme de 95 millions de dinars, récupérée au domicile de Mme Maya par les officiers de la sécurité intérieure.

N’ayant pas de compte ni de coffres, ces derniers l’auraient gardée durant un moment avant de la déposer à la Banque centrale, ce qui, pour le tribunal, constitue «une violation de la procédure».

Même situation, pour l’affaire des enfants de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, notamment El Wafi, en fuite à l’étranger, poursuivis et condamnés pour avoir «monnayé» les candidatures FLN à la députation lors des législatives de 2017.

En effet, en mars 2017, des officiers de la sécurité intérieure ont procédé à l’interpellation d’El Wafi, à l’entrée de Club des Pins où il réside, au moment où il venait d’encaisser la somme de 20 millions de dinars et 200 000 euros, avant que son domicile ne soit perquisitionné et des documents récupérés.

Derrière l’éclatement de ce scandale, le député FLN Baha Eddine Tliba, ex-vice-président de l’Assemblée nationale, avec l’ex-patron des renseignements Bachir Tartag, il fait tomber les deux enfants de Djamel Ould Abbès, Skander et El Wafi, et l’ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité, Khelladi Bouchenak, l’homme de confiance de Djamel Ould Abbès.

Arrêtés, les mis en cause sont relâchés eux aussi sur «ordre», le dossier mis sous le coude et le statut de Baha Eddine Tliba bascule de celui de dénonciateur vers celui d’inculpé, deux ans après. Privé de son immunité parlementaire, il prend la fuite vers l’étranger, mais revient quelques semaines après, dans des conditions troublantes.

Il sera condamné à une peine de 7 ans de prison ferme au même titre que Skander Ould Abbès, alors qu’El Wafi a écopé, par défaut, d’une peine de 20 ans de prison.

Les dossiers de Mme Maya et des enfants de Ould Abbès ont fait l’objet d’une enquête au niveau du tribunal militaire de Blida. Les premières décisions ont été d’abord de placer sous mandat de dépôt l’ancien patron des services de renseignement Bachir Tartag, suivie de celle de l’incarcération d’un autre officier de la police judiciaire de la même antenne, dont le chef, le colonel Smail, lui, a été incarcéré lundi dernier.

L’officier devait comparaître, lundi prochain, devant la cour d’Alger, comme victime, dans le procès en appel qui l’oppose au patron de la chaîne de télévision privée, Ennahar TV, Anis Rahmani, pour avoir enregistré et publié une communication téléphonique. Des faits pour lesquels, le journaliste avait été condamné à cinq ans de prison.