Justice : Nekkaz transféré à El Bayadh
L’activiste politique Rachid Nekkaz a été transféré, hier, de la prison de Koléa (Tipasa) à celle de Labiod Sidi Cheikh (El Bayadh), annonce le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
«Transfert, sans avertir ses avocats ni sa famille, de Rachid Nekkaz de la prison de Koléa à la prison Labiod Sidi Cheikh, située dans la wilaya d’El Bayadh (32) et non pas Aflou (Laghouat)», précise le comité dans une alerte publiée, en fin d’après-midi d’hier, sur sa page Facebook.
Les défenseurs de Nekkaz s’interrogent sur les raisons d’une telle décision : l’instruction du concerné, toujours en détention préventive, est en cours, et son transfert ne devrait pas lui assurer une défense juste.
«L’avocat Abdelkader Chohra, un des membres du collectif de défense du militant et détenu politique Rachid Nekkaz, m’a affirmé que Abdallah, le frère de Rachid, est venu lui rendre visite à la prison de Koléa. Il a dû patienter longtemps pour être informé que son frère a été transféré très tôt le matin à la prison de Laghouat (Aflou). Quelle est la partie qui a ordonné son transfert, et pourquoi ? Il est toujours en détention préventive et (son dossier) en phase d’instruction. Est-ce une guerre psychologique qu’on veut mener contre les prisonniers ? Est-ce un plan pour atteindre le collectif de défense ? Ou est-ce une déclaration de guerre sachant que Nekkaz est arrêté arbitrairement ?» s’interroge Fodil Boumala.
Arrêté le 4 décembre 2019, Nekkaz a été poursuivi pour «incitation à porter des armes contre des représentants de l’Etat», «incitation à attroupement non armé» et «publication Facebook pouvant porter atteinte à l’intérêt national».
La dernière demande de liberté provisoire a été rejetée, le 20 janvier, par la chambre d’accusation près la cour d’Alger.
En décembre 2020, les avocats de Nekkaz avaient dénoncé décision jugée «illégale» de sa détention, se référant en cela à l’article 128 du code de procédure pénale.
Réagissant à la déclaration des avocats, le ministère de la Justice a qualifié la prorogation de la détention provisoire du détenu de «parfaitement légale». «L’ordonnance du juge d’instruction frappée d’appel dans le cas d’espèce est une ordonnance de règlement et une telle ordonnance, au sens de l’article 166 du code de procédure pénale, au cas où elle venait à être portée devant la chambre d’accusation, alors que le prévenu faisait l’objet d’une détention provisoire, le mandat de dépôt ou d’arrêt décerné à son encontre par la juridiction d’instruction continue à produire ses effets jusqu’à ce qu’il ait été statué par la juridiction du renvoi ; par statuer, il y a lieu d’entendre rendre une décision sur le fond», avait expliqué le département de Zeghmati dans un communiqué rendu public le 13 décembre 2020.
Le 23 décembre, Nekkaz a dénoncé, via sa page Facebook, ses conditions d’incarcération. Le lendemain, il a même proposé une «aide financière pour le budget alimentaire de la prison de Koléa».