Dépenses publiques : Le gouvernement au régime sec

Mokrane Ait Ouarabi, El Watan, 26 janvier 2021

Face à l’importante diminution des ressources financières du pays, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, exige plus de rigueur et de rationalité dans les dépenses publiques.

Dans une instruction adressée aux différents départements ministériels, le Premier ministre relève l’impérieuse nécessité d’adopter des mesures «urgentes» pour redresser la barre et pouvoir dégager des ressources financières qui permettront d’honorer les dépenses incompressibles.

Faisant état de la tendance baissière du niveau de disponibilités financières du Trésor public durant l’année écoulée, alors que les dépenses restent à des niveaux élevés, M. Djerad se dit interpellé par la situation qui exige des mesures urgentes pour assurer la «soutenabilité» des finances publiques.

Pour ce faire, le Premier ministre exhorte les membres du gouvernement, chacun dans son secteur, de mettre en œuvre des mesures adéquates pour réduire les dépenses. Il est question, entre autres, des frais liés à la consommation de l’électricité, du carburant, de l’eau et du téléphone fixe et mobile.

Il s’agit aussi des frais liés à l’organisation des conférences, des séminaires et des journées d’étude en privilégiant l’utilisation des infrastructures de l’administration.

Le Premier ministre demande également aux différents départements ministériels de réduire au strict minimum la composition des délégations concernées par les sorties sur le terrain et de favoriser les moyens de transport collectif. Aussi, M. Djerad exige que les missions et les déplacements des fonctionnaires s’effectuent uniquement «en cas d’impérieuse nécessité» en privilégiant le recours aux infrastructures de l’administration pour leur hébergement.

Le Premier ministre instruit, dans le même sillage, les différents ministères pour «surseoir» à toute création d’établissements publics nouveaux. Comme il appelle à privilégier le regroupement pour des établissements ayant des missions similaires.

M. Djerad poursuit, dans la même instruction, en soulignant la nécessité de ramener les dépenses de personnels à des niveaux soutenables, en les exhortant à prendre toutes les mesures pour atteindre ces objectifs.

Le Premier ministre affirme également que les demandes de crédits supplémentaires ou de dégel de projets doivent désormais faire l’objet d’un examen minutieux par les services compétents du ministère des Finances afin de s’assurer de la pertinence de la demande et de veiller sur la bonne gestion des finances publiques.

C’est désormais le ministère des Finances qui est chargé de faire la sélection des demandes de crédits additionnels ou de levée du gel de projets à soumettre à l’approbation du Premier ministre.

L’instruction du Premier ministre renseigne sur la gravité de la situation financière du pays. Elle confirme la poursuite de la dégradation des indicateurs macroéconomiques qui a commencé en 2014.

En effet, les revenus pétroliers, qui représentent la ressource financière principale du budget de l’Etat, ont chuté de 10 milliards en une année, passant de 33 milliards en 2019 à 23 milliards de dollars en 2020.

Les réserves de change, qui étaient de 144 milliards fin 2015, sont passées à 62 milliards fin 2019 et à 47 milliards de dollars fin 2020. En 2021, le gouvernement prévoit un déficit budgétaire de 13,6% du PIB.