Renouvellement l’APN et des assemblées locales : Tebboune tient à des élections anticipées

Abdelghani Aichoun, El Watan, 15 décembre 2020

L’organisation d’élections, législatives et locales, anticipées fait partie des engagements pris par le chef de l’Etat lors de la campagne électorale précédant son élection. Ce qu’il a réaffirmé le 20 septembre dernier, lors d’une entrevue avec des représentants de médias nationaux,
en exprimant le souhait de pouvoir organiser des élections législatives «avant la fin de l’année».

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué, dimanche soir, via son compte officiel Twitter, qu’il avait donné des instructions à «la Commission chargée de l’élaboration du projet de révision de la loi organique relative au régime électoral afin que le document en question soit prêt dans les meilleurs délais, soit dans 10 à 15 jours».

Une déclaration qui renseigne sur la volonté du pouvoir en place de poursuivre le processus politique en cours, dont la première étape était le référendum sur la Constitution qui a eu lieu le 1er novembre dernier. Et le taux de participation, très faible (23%), qui a marqué ce dernier rendez-vous, n’a apparemment pas été pris en considération.

L’organisation d’élections, législatives et locales, anticipées fait partie des engagements pris par le chef de l’Etat lors de sa campagne électorale pour la présidentielle.

Ce qu’il a réaffirmé le 20 septembre dernier, lors d’une entrevue avec des représentants de médias nationaux, en exprimant le souhait de pouvoir organiser des élections législatives «avant la fin de l’année».

Vingt-quatre heures auparavant (le 19 septembre), Tebboune avait procédé à l’installation de la «Commission nationale chargée de l’élaboration du projet de révision de la loi organique portant régime électoral», sous la présidence du professeur Ahmed Laraba, celui-là même qui était en charge de la commission de préparation de la nouvelle Constitution.

Le chef de l’Etat avait indiqué, à cette occasion, que «les nouvelles normes (contenues dans la nouvelle loi électorale, ndlr) doivent allier, dans la mesure du possible, compétence et expérience des candidats, notamment dans les grandes villes.

Egalité des chances

De même, tout citoyen ou citoyenne jouissant de ses droits politiques et civiques ne saurait être empêché de se porter candidat, pour des raisons politiques, et ce, en vue de garantir l’égalité des chances pour tous à la candidature ainsi que l’émancipation sociale et politique».
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Et si Abdelmadjid Tebboune a fait de l’organisation d’élections législatives et locales anticipées une priorité, c’est parce qu’il sait que les actuelles institutions élues, c’est le cas surtout de l’APN, sont fortement décriées.

Les déclarations faites par le député Baha Eddine Tliba devant les juges, sur «l’achat» des places dans les listes électorales du FLN, le parti majoritaire à l’Assemblée, n’a fait que jeter davantage de discrédit sur cette institution et, par conséquent, croître ce sentiment de rejet.

Or, entre-temps, il y a eu, le 1er novembre, le référendum sur la Constitution, avec un taux de participation de 23% qui reflète, selon plus d’un, un désaveu populaire à l’endroit du processus.

Il y a eu aussi la maladie du Président, admis à l’hôpital de Aïn Naâdja le 27 octobre et transféré en Allemagne le lendemain, avant qu’il ne fasse sa première apparition, ce dimanche soir.

Dans un premier temps, en raison notamment du peu d’engouement des citoyens pour le référendum afin de s’exprimer sur le projet de la nouvelle Constitution, beaucoup d’analystes, d’observateurs ou de politiques ont évoqué la nécessité, pour la Présidence, de revoir sa «feuille de route», et ce, dans l’objectif de faire adhérer le plus grand nombre à la démarche qui sera adoptée. Un certain doute s’est donc installé sur la suite des événements.

En indiquant, dimanche soir, dans sa première apparition après une absence qui aura duré près de deux mois, qu’il avait donné des instructions pour que «le document en question (loi électorale, ndlr) soit prêt dans les meilleurs délais, soit dans 10 à 15 jours», le chef de l’Etat a voulu réaffirmer qu’il n’est nullement question de s’éloigner de la feuille de route tracée.

Le pouvoir en place prendra-t-il le risque d’aller vers un autre rendez-vous électoral sans une partie de la classe politique et avec le risque qu’il y ait la même désaffection ?

A moins qu’il mise sur l’intérêt que peuvent porter des formations politiques pour les élections législatives et locales (une tribune pour faire entendre leurs voix, une manière de financer le fonctionnement de leurs partis…), ce qui poussera nombre d’entre elles à adopter une autre position.

Mais, dans tous les cas de figure, il y a toujours un risque, dans le cas où les partis de l’opposition, ou du moins certains d’entre eux, décident de boycotter ce futur rendez-vous et que de nouvelles formations n’arrivent pas à émerger, de se retrouver avec une même configuration à l’APN, avec une majorité FLN/RND.

Un deuxième désaveu, après celui relatif au référendum sur la Constitution, serait «coûteux» en matière de légitimité. En somme, les jours à venir nous renseigneront sur les positions des uns et des autres par rapport au maintien de ce cap, notamment en perspective d’élections législatives et locales anticipées.