1 000 algériens en situation irrégulière en europe
Leur nombre a doublé en trois ans
Liberté, 10 décembre 2020
Le recensement des Algériens en situation irrégulière en Europe a pratiquement doublé en l’espace de trois ans passant de 15 005 en 2017 à 30 890 en 2019.
Avec 374 287 visas délivrés en 2019, l’Algérie reste le 7e pays bénéficiaire au monde des visas de court séjour Schengen. En 2018, 704 101 Algériens étaient enregistrés avec un permis de séjour dans l’UE, dont 37 714 avec un premier permis. Ces chiffres sont évoqués dans le rapport sur l’état des relations UE-Algérie dans le cadre de la politique européenne de voisinage renouvelée. En 2019, l’Algérie arrivait en quatrième position pour les visas délivrés par la France avec 274 421 titres mais avec une diminution de 7,64% par rapport à l’année précédente.
En parallèle, le taux de refus de visas aux Algériens figure parmi le plus élevé au niveau mondial. Il est ainsi passé de 35,9% en 2017 à 45,5% en 2018 et 43% en 2019. Une courbe ascendante expliquée par la décision de l’UE prise lors des travaux de la 10e session du conseil d’association Algérie-Union européenne tenue en 2017 de concentrer la coopération, pour les années 2018 à 2020, autour d’axes économiques, politiques et sécuritaires ainsi que les migrations et la mobilité.
À propos de ces deux derniers points, et selon la presse espagnole de l’époque, Alger avait accepté, lors de cette 10e session de répondre à la demande de Bruxelles de réadmission des sans-papiers algériens présents en Europe en échange d’une plus grande souplesse dans l’octroi de visas Schengen. Mais apparemment les efforts algériens n’ont pas été à la hauteur des attentes européennes d’où ce tour de vis opéré au niveau des visas.
L’autre réponse vient de Paris avec la décision de Macron de réduire le nombre de visas attribués à certains pays dont l’Algérie en fonction de la réponse de ceux-ci aux demandes françaises de délivrer les laissez-passer consulaires aux personnes soupçonnées de radicalisation pour terrorisme. Le rapport sur l’état des relations UE-Algérie dans le cadre de la PEV renouvelée indique aussi que le regroupement familial est le motif le plus souvent indiqué par les Algériens désireux de s’installer dans l’espace Schengen suivi à distance par l’éducation, l’emploi ainsi que d’autres raisons, dont la protection internationale pour les demandeurs d’asile.
Le nombre total de demandes d’asile de ressortissants algériens est resté relativement stable, à 10 039 en 2019 contre 10 080 en 2018, conduisant à un total de 6 415 décisions d’asile avec un taux de reconnaissance moyen de 6% en 2019 contre 6 785 et 6,6 % en 2018. Malgré cela, regrette le même document, le phénomène de “visa overstay” ou dépassement de la durée du visa demeure une source de préoccupation pour les Européens.
Ainsi, le nombre d’Algériens en situation irrégulière sur le territoire de l’UE a pratiquement doublé en l’espace de trois ans passant de 15 005 en 2017 à 30 890 en 2019. Un dépassement de la durée de visa qui s’ajoute à la baisse du taux de retour (21,4% en 2018 et 19,5% en 2019) qui reste considérablement inférieur à la moyenne enregistrée pour les ressortissants des pays tiers (36% en 2018 et 32% en 2019), précise la même source d’informations.
Cette dernière rappelle que “certains États membres de l’UE ont conclu des accords bilatéraux de retour et de réadmission avec l’Algérie”, des deals qui connaissent des difficultés à cause “de la lenteur du processus d’identification et la courte durée des laissez-passer délivrés”. Quant aux arrivées des harraga dans l’UE, les chiffres pour 2018 sont de 5% (1 185) par mer sur la route de la Méditerranée centrale et de 8,4% (4 652) sur la route de la Méditerranée occidentale, avec une partie des ressortissants algériens arrivant en Espagne via le Maroc.
Les chiffres en 2019 s’élèvent, respectivement, à 9% (1 009) et 17% (3 814). Plus frappant encore est le nombre élevé d’Algériens qui arrivent irrégulièrement en Espagne cette année. En 2020 et jusqu’à fin juillet les chiffres sont, respectivement, de 5% (550) et 55% (2 600).
En 2019, des ressortissants algériens traversaient également la Turquie et la route de la Méditerranée orientale et ils étaient 1 885, cette même année, à arriver en Slovénie. Cette année, les chiffres sur cette route sont en nette décroissance probablement en raison de la restriction des visas électroniques pour la Turquie pour les ressortissants algériens depuis le 1er octobre 2019, comme l’explique le rapport.
SAÏD OUSSAD