Boukadoum sur l’accord d’association Algérie-UE : Les partenaires européens sont «conscients du déséquilibre»
Abdelghani Aichoun, El Watan, 09 décembre 2020
L’Algérie plaide, depuis quelques années déjà, pour la révision de l’accord qui connaît un «déséquilibre» pour ce qui est des aspects économiques.
La 12e session du conseil d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) s’est tenue lundi, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Joseph Borell.
Une rencontre centrée sur «les relations bilatérales et les perspectives de l’accord d’association liant les deux parties depuis 2005».
L’Algérie plaide, depuis quelques années déjà, pour la révision de l’accord qui connaît un «déséquilibre» pour ce qui est des aspects économiques.
A cet effet, Sabri Boukadoum a indiqué que «toutes les mesures de la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne se font toujours sur la base de l’équilibre» et qu’il y a «une volonté de dialogue entre les deux parties».
«En tant que négociateurs algériens, nous sommes conscients des manquements en matière d’application de l’accord d’association, notamment dans son aspect commercial.
L’essentiel est qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre et il est évident que quand il y a déséquilibre, nous intervenons pour le corriger», a ainsi déclaré le ministre des Affaires étrangères.
D’après lui, tous les partenaires européens de l’Algérie, dont les responsables ont séjourné récemment en Algérie, «sont conscients de ce déséquilibre».
«Les relations de l’UE avec l’Algérie sont vitales. L’Algérie est la porte de l’Afrique, elle est aussi un facteur de stabilité dans la région et est aussi un marché de 45 millions d’habitants», a-t-il encore ajouté.
De son côté, le haut représentant Josep Borrell a exprimé, d’après un communiqué de la délégation de l’Union européenne en Algérie, le souhait de l’UE d’«approfondir les relations afin d’atteindre leur plein potentiel pour que nous ressortions avec un partenariat vraiment renforcé».
«Il est important que les échanges commerciaux se fassent dans le respect de l’accord d’association, cadre qui offre la prévisibilité et la stabilité nécessaires.
La Commission européenne a transmis récemment une proposition visant à résoudre le différend en la matière et l’UE espère trouver très prochainement un accord dans le cadre de l’article 100 de l’accord d’association», ajoute-t-on de même source.
L’UE évoque les droits de l’homme et les libertés
Bien entendu, la récente résolution du Parlement européen au sujet des droits de l’homme et des libertés en Algérie a été évoquée, même implicitement.
Dans sa déclaration faite à l’APS, Sabri Boukadoum a déclaré que «l’Algérie sera toujours là pour dénoncer avec force pareilles résolutions, et ce, malgré les bonnes relations qu’elle entretient avec les pays de l’Union», réaffirmant ainsi la position des autorités algériennes vis-à-vis de cette résolution dénonçant la «détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie».
«Le Parlement européen a cru devoir adopter, selon une procédure dite ‘‘d’urgence’’ pour le moins douteuse, une nouvelle résolution sur la situation en Algérie dont le contenu outrancier se résume à un chapelet d’injures et d’avanies à l’endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l’Etat algérien», avait déclaré le 28 novembre dernier le ministère des Affaires étrangères.
Or, l’Union européenne semble toujours insister sur cette question. Dans le communiqué de la délégation de l’UE en Algérie relatif à cette 12e session du conseil d’association, il est mentionné que «les parties ont échangé sur la manière de renforcer la stabilité dans la région et ont passé en revue des dossiers importants dans leurs relations, tels que la gouvernance et les droits de l’homme, la coopération économique et les échanges commerciaux, l’environnement, l’énergie et la migration».
«L’UE a rappelé que, tel que convenu conjointement dans les priorités de partenariat UE-Algérie, la relation bilatérale est fondée sur le respect mutuel ainsi que sur la reconnaissance et le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux ayant trait à l’Etat de droit et au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales», ajoute-t-on un peu plus loin.
Simples éléments du langage diplomatique ou manière d’appuyer la résolution du Parlement européen ? En tout cas, même si ces questions peuvent, périodiquement, poser problème, il n’en demeure pas moins que les intérêts économiques communs sont toujours priorisés.