Azzedine Mihoubi devant le juge

Il a été entendu hier sur des dossiers liés à sa gestion à la tête du ministère de la Culture

Salima Tlemcani, El Watan, 08 décembre 2020

L’ancien ministre de la Culture et candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, Azzedine Mihoubi, a été entendu hier par le juge d’instruction près le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger. Durant plus d’une heure, son audition a porté sur les présumés «indus avantages», accordés à la productrice du film Ahmed Bey, dans le cadre de la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe», en 2015.

L’ancien ministre de la Culture (2015-2019), candidat à l’élection présidentielle de 2019 et ex-secrétaire général par intérim du RND (Rassemblement national et démocratique), Azzedine Mihoubi, a été convoqué hier par le doyen des juges d’instruction près le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger.

Pendant plus d’une heure, il a été question des conditions d’octroi d’aides financières à la productrice Samira Hadj Djilani, pour la réalisation du film Ahmed Bey, dans le cadre de la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe», en 2015.

Contacté, l’ex-ministre a refusé d’évoquer les détails, mais confirmé avoir été «entendu comme témoin» par le magistrat instructeur.

En fait, l’affaire concerne l’enveloppe financière accordée par le ministère de la Culture à la productrice Samira Hadj Djilani, placée en détention depuis le 30 avril 2020 pour plusieurs chefs d’inculpation, dont «blanchiment d’argent», «abus de fonction», «dilapidation de deniers publics» et «transfert illicite de capitaux vers l’étranger», qui aurait connu des avenants pour passer de 470 millions de dinars à 680 millions de dinars, montant qui comprend une participation de l’Onda (office national des droits d’auteurs, le ministère de la Culture, et le Fdatic).

Selon des sources proches du dossier, les enquêteurs auraient relevé de nombreuses anomalies, parmi lesquelles le transfert vers le compte de l’une des sociétés de la productrice à l’étranger d’une somme de 300 000 euros, officiellement pour payer certains acteurs étrangers auxquels elle avait fait appel.

Le premier scénario du film, avait été rejeté par la commission de lecture et d’évaluation financière du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques (Fdatic), avant que les membres de cette instance, ne soient changés, et un nouveau président installé, qui va valider une seconde mouture, plus coûteuse, mais qui aurait pris en compte les réserves émises par la première commission.

A signaler que dans cette affaire, seule Samira Hadj Djilani est actuellement en détention, alors que lors de la présentation devant le parquet, par les gendarmes, à l’issue de l’enquête préliminaire, le procureur avait demandé l’inculpation de la productrice, mais aussi de l’ex-ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et l’ancien directeur général de l’Onda, Sami Benchikh, pour «octroi d’indus avantages», «abus de fonction» et «dilapidation de deniers publics».

Azzedine Mihoubi était, faut-il le rappeler aussi, sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire national pour cette affaire et son dossier était au niveau de la Cour suprême, avant que la procédure de privilège de juridiction ne soit amendée, il y a quelques mois.