Ils ont gagné illégalement les côtes européennes l’été dernier : Des centaines de harraga expulsés d’Espagne
Mardi, dans la soirée, un bateau de voyageurs espagnol a accosté au port de Ghazaouet, à son bord des Algériens sans papiers dont on ignore le nombre.
Un rapatriement effectué dans un black-out total. En ce sens, que cette opération (qui sera suivie par deux autres, selon nos informations) était entourée de mesures sécuritaires drastiques, empêchant toute personne d’approcher de l’infrastructure portuaire.
Voulant nous informer sur le nombre d’expatriés, nous nous sommes retrouvés face à un mur de silence inexplicable. Aucune autorité n’a souhaité nous entretenir sur ce sujet.
Des harraga, qui ont réussi à téléphoner à leurs proches, ont déclaré être «arrivés à Ghazaouet», mais ignoraient tout de la suite, avant que leurs téléphones ne soient mis en «mode éteint».
Et encore une fois, ce sont nos sources de l’étranger qui nous ont éclairés : le média ibérique ABC, dans la même journée, a indiqué que «l’Algérie commence à accepter les immigrants de retour d’Espagne».
Le quotidien El Pais, rapportant les propos du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, dans son édition du 2 décembre 2020, a confirmé que «l’Algérie est le troisième pays d’Afrique du Nord à accepter à nouveau des expulsions, après le Maroc et la Mauritanie…».
Le ministère espagnol de l’Intérieur a, à son tour, rapporté «le retour en Algérie a été activé ces derniers jours avec le rapatriement d’un premier groupe d’immigrants qui se trouvaient au Centre pour l’internement des étrangers (CIE) de Barcelone et il est attendu, comme pour le reste des pays d’Afrique du Nord, que le taux de retours augmente en ‘‘situation d’urgence’’».
L’Algérie en 3e position
Depuis le début de l’année 2020, l’immigration irrégulière algérienne en Espagne a augmenté de 606%. Au 6 septembre dernier, 5343 Algériens ont été appréhendés sur les côtes du sud de la péninsule ibérique. Sans compter ceux qui ont réussi à se faufiler entre les mailles du filet et qui ne figurent donc pas dans le décompte officiel d’immigré irréguliers.
Commentant des expulsions massives, Youcef Benkaaba, avocat et membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, spécialisé dans la question migratoire (bureau de Tlemcen), estime que «l’opération d’expulsion des harraga s’est conclue selon un accord entre l’Algérie et quelques pays européens, seulement nous en ignorons les justifications et les détails, comme nous ne connaissons pas les conditions humanitaires qui ont entouré cette opération, surtout en cette période de pandémie.
Et cela, malgré nos doléances auprès des autorités concernées, lesquelles ont fermement refusé de nous entretenir sur ce sujet. Leur prétexte étant de terminer les procédures légales.
Des familles de harraga sont inquiètes. A l’heure où je parle (jeudi), ils ignorent où sont leurs enfants. Nous souhaitons que les autorités de notre pays coordonnent avec les organisations humanitaires et celles des droits de l’homme pour connaître le sort de ces harraga et pour éclairer l’opinion nationale sur leur situation juridique».
Selon les dernières informations, ces expulsés ont été déférés devant les parquets de Ghazaouet et de Nedroma, 11 km plus loin. Nous y reviendrons !