Zeghmati n’écarte pas un «retour» à l’application de la peine de mort
Au nom de l’impératif du maintien de l’ordre public
Mohamed Kebci, Le Soir d’Algérie, 26 novembre 2020
Estimant que le débat autour de la peine de mort est «philosophique» et «idéologique» qui a cours même dans les pays où cette question ne figure pas dans les législations, le ministre de la Justice et garde des Sceaux a préféré «couper la poire en deux» en tentant de satisfaire les deux camps, soit les partisans et les pourfendeurs de cette peine extrême.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Belkacem Zeghmati, qui répondait, hier mercredi, à la mi-journée, aux interrogations des membres du Conseil de la Nation autour de la question de la peine la mort, eux qui venaient d’expédier les débats autour du projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d’enlèvement, a affirmé que l’Algérie avait les «mains libres» concernant cette question de la peine de mort suspendue depuis 27 ans.
Parce que, selon lui, elle «n’a signé aucun traité ou aucune convention internationaux» qui empêcheraient l’application de cette peine capitale. Et d’ajouter que le pays est «libre et a toute la souveraineté dans l’élaboration de ses lois dans le sens du maintien de l’ordre public». Un ordre public au nom du maintien duquel on pourrait, a encore affirmé le ministre, «renouer avec l’application de la peine de mort». «Il ne faut pas s’étonner que l’Algérie renoue avec l’application de la peine de mort», a-t-il dit à ce propos.
Manière subtile de contenter les deux camps, islamistes et conservateurs d’une part, et progressistes, d’autre part, qui alimentent les débats autour de l’opportunité ou pas de l’application de la peine de mort, des débats relancés de plus belle tout récemment avec la recrudescence des cas d’enlèvements, notamment d’enfants et de filles suivis le plus souvent d’abominables crimes.
Concernant les travaux forcés proposés par certaines voix comme «peine alternative» à la peine de mort, le ministre de la Justice a été on ne peut plus clair, affirmant que l’Algérie a paraphé un traité international interdisant cette peine, annonçant, dans ce sens, une nouvelle loi en cours d’élaboration concernant l’organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus, une loi qui privilégie le «travail éducatif» des détenus. Concernant ledit projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d’enlèvement, le ministre de la Justice et garde des Sceaux a soutenu que son instigateur n’était autre que le président de la République qui a tenu, selon lui, à ce que ce fléau, bien que traité dans le code de procédure pénale, bénéficie d’un traitement à part au vu de son expansion inquiétante.
Un fléau que, selon Zeghmati, ni la pauvreté ni l’abandon familial et encore moins la consommation de diverses drogues ne pourraient justifier. Pour lui, «rien ne peut justifier ces crimes abominables». Et de signifier la «détermination» de l’Algérie à en venir à bout, «quel qu’en soit le prix à payer». Et ce texte de loi s’inscrit justement dans cette optique celle d’«adapter la législation nationale au développement du crime sous toutes ses formes, notamment le phénomène de l’enlèvement».
S’étalant sur 54 articles, ce projet de loi prévoit, notamment, «des peines lourdes allant jusqu’à la peine capitale et la perpétuité, et ce, en fonction de la gravité de l’acte commis et ses effets», outre des amendes pouvant atteindre un million de dinars.
M. K.