L’agenda politique de Tebboune
Des élections générales et ouverture de chantiers économiques après le référendum constitutionnel
Abdelghani Aichoun, El Watan, 22 septembre 2020
L e président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a exprimé le vœu, dimanche soir, «de voir naître de nouvelles institutions élues avant la fin de l’année».
S’exprimant, lors de son rendez-vous périodique avec des responsables de médias nationaux, au sujet du référendum sur la Constitution prévu le 1er novembre prochain, le Président a dit souhaiter que «les citoyens plébiscitent le projet de révision constitutionnelle, pour qu’on puisse passer directement à la révision de la loi portant régime électoral, laquelle sera soumise au Parlement pour donner naissance, si possible, à de nouvelles institutions élues avant la fin de l’année».
D’ailleurs, il a profité de cette occasion pour annoncer que la Commission nationale chargée de l’élaboration du projet de révision de la loi organique portant régime électoral, dont la présidence a été confiée à Ahmed Laraba, qui a déjà été à la tête du comité des experts chargés de la nouvelle Constitution, avait «un premier délai de deux mois et demi pour soumettre son travail».
La réforme constitutionnelle et par la suite de la loi électorale pourront, comprend-on de ses dires, faire émerger des institutions élues «crédibles». «Sortir avec des institutions élues qui manquent de crédibilité, après tout ce qui a été fait jusqu’à présent, c’est comme si nous n’avions rien fait», a-t-il déclaré à cet effet. Une Constitution, ajoute le chef de l’Etat, qui «offrira de larges prérogatives aux élus».
M. Tebboune s’est donc dit convaincu que «l’Etat algérien sortira du référendum sur la révision constitutionnelle, plus moralisé et véritablement au service du citoyen et non pas d’un groupe de personnes qui exerce sur lui une autorité paternaliste».
Toujours à propos de la réforme constitutionnelle, plus précisément au sujet de la question identitaire qui provoque un tollé chez certains cercles, le président de la République a affirmé que celle-ci est «réglée». «Dans les premières orientations, j’avais dit qu’il n’y aura pas de débat au sujet de l’identité», a-t-il souligné, avant d’ajouter que «l’amazighité ne concerne pas une seule région mais toute l’Algérie». Idem pour l’article 2 : «L’islam demeurera la religion de l’Etat», a-t-il déclaré.
La rentrée scolaire… en fonction de la situation pandémique de chaque wilaya
Abdelmadjid Tebboune a également évoqué, durant cette rencontre, la rentrée scolaire. Sans avancer de date, il a indiqué que la rentrée ne pourra être effectuée «qu’en concertation avec le comité scientifique et les médecins».
«Il est possible de programmer la rentrée scolaire en fonction de la situation pandémique de chaque wilaya», a-t-il encore ajouté, sans omettre de préciser que l’Algérie a «prioritairement opté pour la protection du citoyen». «Des pays européens ont ouvert les classes et repris les cours, mais ils ont été contraints de refermer les écoles après avoir constaté que les enfants étaient exposés, eux aussi, à la contamination au coronavirus», a-t-il souligné. De même pour ce qui est des universités.
Leurs responsables ont la liberté de fixer les dates. Le chef de l’Etat a cité comme exemple les résidences universitaires, où, avec parfois quatre étudiants par chambre, il serait difficile d’appliquer la distanciation sociale. «Tant que nous n’avons pas résolu ces questions, nous ne pouvons mettre en danger la santé du citoyen, qui est une priorité pour nous», a-t-il affirmé.
Coupures d’Internet : «Des moyens modernes à l’avenir»
Le président de la République s’est exprimé, par ailleurs, sur les coupures d’internet durant les épreuves du baccalauréat.
D’emblée, M. Tebboune dira qu’«il n’y a pas eu coupure mais brouillage», ce qui se fait, d’après lui, «partout ailleurs». Par la suite, il a tenu à promettre aux citoyens que désormais «l’internet ne sera pas touché» et ceci en disposant «de moyens modernes qui sont utilisés ailleurs». Le chef de l’Etat a reconnu qu’il y a un problème de connexion en Algérie. «Il y a des régions où c’est 100 mégas et d’autres où c’est 5 mégas», dira-t-il. «Cela ne nous honore pas», a-t-il lancé, avant d’ajouter que «le pays ne peut pas aller vers l’économie du numérique en l’absence d’un internet fiable». «On étudie la possibilité d’ajouter un autre câble pour alimenter le pays», a-t-il encore annoncé.
«La liberté d’expression a des limites»
Au sujet de la liberté de la presse, Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu’elle «était garantie en Algérie» et «qu’aucune restriction n’y est imposée». Toutefois, il a précisé que la liberté d’expression avait «des limites». «J’avais déjà évoqué le sujet de la liberté d’expression en Algérie et je me suis interrogé s’il existait un pays, de par le monde, à l’image de l’Algérie qui compte 180 quotidiens et près de 8500 journalistes, outre le soutien de l’Etat au papier d’impression et la publicité dont bénéficient ces journaux, pour se retrouver, à la fin, avec des articles truffés d’injures et d’atteintes à la sécurité publique», a-t-il déclaré à ce propos. Et d’ajouter : «Ces journaux, en dépit de tout cela, n’ont jamais été inquiétés ou sanctionnés commercialement.» «La liberté d’expression est consacrée mais s’il existe une restriction, elle est imposée aux injures», a-t-il indiqué.
Dans le même ordre, le chef de l’Etat a déclaré que le journaliste Khaled Drareni, condamné en appel la semaine dernière à deux ans de prison ferme, était «impliqué dans une affaire n’ayant aucune relation avec la presse». «Il n’existe aucun document prouvant sa relation avec la chaîne de télévision pour laquelle il prétend travailler», a-t-il ajouté. Pour M. Tebboune, «il n’y a pas une personne qui s’est retrouvée en prison pour avoir écrit un article».
Position constante de l’Algérie vis-à-vis de la cause palestinienne
En dernier lieu, le président de la République a évoqué certaines questions internationales, notamment la cause palestinienne. D’emblée, il a tenu à réitérer la position «constante» de l’Algérie vis-à-vis de la cause palestinienne, qui est «sacrée», a-t-il précisé. M. Tebboune a déploré, dans ce sillage, «l’empressement pour la normalisation (avec Israël, ndlr)», à laquelle, poursuit-il, l’Algérie «ne prendra jamais part». «Je ne pense pas qu’il y aura une solution dans cette région sans la résolution de cette question, qui doit être par la proclamation d’un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec El Qods pour capitale», a-t-il ajouté, tout en précisant que le discours qu’il prononcera à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, prévue aujourd’hui, «portera sur la défense de la question palestinienne qui ne sera pas abandonnée par l’Algérie quelles que soient les circonstances».
A propos de la Libye, le chef de l’Etat a indiqué que l’Algérie était «pour une solution durable émanant de la légitimité populaire électorale sous l’égide des Nations unies». «Cette question nous concerne aussi et nous sommes un pays voisin qui partage avec la Libye de longues frontières.
Nous imposerons notre avis et il n’y aura aucune solution sans notre participation», a-t-il affirmé, avant d’exprimer le vœu «de voir le processus en Libye couronné par une solution pérenne et non provisoire, notamment à la lumière de la tenue des élections qui ont été accueillies et qui sont soutenues par l’ONU dans le but d’unir les frères libyens, particulièrement entre Benghazi et Tripoli, et d’aller vers la désignation de noms pour assumer des responsabilités».