Mali : Les militaires comptent rester trois ans au pouvoir
R. I., El Watan, 25 août 2020
La junte qui a pris le pouvoir mardi dernier au Mali a annoncé dimanche soir une transition de trois ans dirigée par un militaire.
Comme elle a accepté de libérer le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta, qu’elle détient depuis mardi, rapportent des médias, citant des sources de la médiation africaine et de la junte militaire. «La junte a affirmé qu’elle souhaite faire une transition de trois ans pour revoir les fondements de l’Etat malien.
Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l’Etat», a indiqué une source au sein de la délégation de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à l’issue du deuxième jour de négociations avec la nouvelle équipe au pouvoir à Bamako.
Un membre de la junte a confirmé «les trois ans de transition avec un président militaire et un gouvernement en majorité composé de militaires». Selon la même source de la Cédéao, la junte a donné son accord pour «libérer le président Keïta», qu’elle détient depuis le coup d’Etat de mardi, «qui pourra repartir à son domicile» de Bamako. «Et s’il souhaite voyager pour des soins, il n’y a pas de problème», a-t-elle affirmé.
Quant au Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, «nous avons obtenu de la junte qu’elle accepte qu’il soit dans une résidence sécurisée à Bamako», a ajouté ce responsable ouest-africain. Informations toutes confirmées par la source de la junte. La deuxième journée de négociations a débouché sur des avancées sans accord complet.
«Nous avons pu nous entendre sur certains points, mais pas sur l’ensemble des points de discussion», a déclaré à l’issue de la réunion le chef de la délégation ouest-africaine, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, mandaté par la Cédéao pour tenter de rétablir «l’ordre constitutionnel» au Mali.
Le président Keïta a été contraint d’annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été arrêté par des militaires. Samedi, plusieurs envoyés de la Cédéao ont pu le rencontrer. «Nous avons vu le président Keïta», a confirmé Goodluck Jonathan. Auparavant, les envoyés de la Cédéao ont été reçus par les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par la junte, dont le nouvel homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta. Réunis jeudi en sommet extraordinaire, les dirigeants de la Cédéao ont réclamé le «rétablissement» du président Keïta et décidé d’envoyer cette délégation à Bamako, la quatrième de l’ex-président Goodluck Jonathan depuis le début de la crise qui ébranle le Mali depuis les législatives contestées de mars-avril.
Elu en 2013 et réélu en 2018, le président Keïta est contesté par la rue, à l’appel d’un mouvement d’opposition hétéroclite qui a réclamé sa démission.
Dénoncé par la communauté internationale, le putsch n’a suscité aucune opposition à Bamako. Les militaires au pouvoir ont promis de mettre rapidement en place une «transition politique». Ils ont été acclamés vendredi par des milliers de personnes dans le centre de Bamako.