Coup d’état militaire au Mali : Les putschistes dévoient leur feuille de route
Ils ont promis l’organisation, le plus tôt possible, d’une «transition politique civile» menant à des élections. Dirigé par le colonel Assimi Goïta, le CNSP est composé de militaires, pour la plupart des hauts gradés. La transition qui sera mise en place sera conduite par «un militaire ou un civil», a déclaré leur porte-parole du CNSP, le colonel-major Ismaël Wangué, ajoutant que le CNSP «est en contact avec la société civile, les partis d’opposition, la majorité, tout le monde, pour essayer mettre en place la transition».
Un document qui circule dans les milieux politiques maliens expose la possible architecture de cette transition. Ce plan prévoit la mise en place d’un «collège transitoire composé de représentants des différentes forces vives de la nation».
Composé de militaires et de civils, «issus des partis politiques, de la société civile, des organisations des femmes et des jeunes, du barreau malien, des organisations religieuses», ce comité serait chargé de mener une transition de neuf mois, de nommer un Premier ministre au profil de technocrate chargé de diriger un gouvernement restreint, le tout sous la direction d’un président de transition. «Des élections, indique le CNSP, pourraient être organisées en mars prochain.»
Les menaces de la Cédéao
La Cédéao va mener des discussions et «faire comprendre aux responsables de la junte militaire que les temps de prise de pouvoir par la force sont révolus dans notre sous-région», a ajouté le président Issoufou qui a demandé «la mise en œuvre immédiate d’un ensemble de sanctions contre tous les militaires putschistes et leur partenaires et collaborateurs». Les rappels à l’ordre de la Cédéao et de la communauté internationale – qui a unanimement condamné aussi le putsch et réclamé le retour à l’ordre constitutionnel – ne semblent avoir eu aucun impact sur le cours des événements à Bamako.
Le soutien de l’opposition
Celle-ci s’est d’ailleurs «félicitée» du coup d’Etat militaire, estimant qu’il avait «parachevé» sa lutte pour obtenir le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta et se disant prête à élaborer avec la junte une transition politique. Quid maintenant du désormais ex-chef de l’Etat malien ? Selon certaines sources, il pourrait regagner les Emirats arabes unis, où il est suivi médicalement depuis plusieurs mois. Autre option étudiée : la Turquie.
Son sort fait actuellement l’objet de «tractations serrées» avec les officiers putschistes. Au moins deux capitales de la sous-région seraient par ailleurs elles aussi sur le point de proposer d’accueillir l’ex-chef de l’Etat malien.
Selon Africa Intelligence, le président Keita «souhaite aussi négocier le départ de son premier cercle familial». Des discussions, ajoute-t-on, qui pourraient trébucher sur le cas de son fils Karim Keïta, véritable catalyseur de la grogne populaire de ces dernières semaines. Le CNSP, d’après Africa Intelligence, «serait formellement opposé à tout départ du pays de l’ancien député de la majorité présidentielle, dont la diffusion de vidéos privées tournées dans un restaurant de plage en Espagne avait littéralement électrisé la contestation».