Contrat signé par Ali Haddad avec un cabinet de lobbying américain : La justice ouvre une enquête préliminaire

Madjid Makedhi, El Watan, 05 août 2020

Réagissant aux informations données par des titres de la presse nationale, dont El Watan, le parquet général près la cour d’Alger s’intéresse à ce contrat intrigant d’un montant de 10 millions de dollars.

L’ancien président du FCE et patron du groupe ETRHB, Ali Haddad, chercherait-il à s’extirper de la prison par des moyens extrajudiciaires ?

Quel est le but du contrat signé par ses représentants à Paris (France) avec un cabinet de lobbying proche du président américain, Donald Trump ?

C’est à ces interrogations que la justice algérienne tente de trouver des réponses en enclenchant, depuis lundi, une enquête préliminaire.

En effet, réagissant aux informations données par des titres de la presse nationale, dont El Watan, le parquet général près la cour d’Alger s’intéresse à ce contrat intrigant d’un montant de 10 millions de dollars.

«Suite aux informations relayées par certains titres nationaux au sujet d’un contrat conclu par des représentants du prévenu Haddad Ali avec une société américaine d’un montant de 10 millions de dollars, et en application des dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale, le parquet général près la cour d’Alger informe l’opinion publique de l’ouverture d’une enquête préliminaire sur cette affaire pour déterminer les circonstances de conclusion de ce marché et en définir le véritable objectif», indique le parquet dans un communiqué.

Condamné à 18 ans de prison ferme, avec saisine de tous ses biens, l’ancien patron des patrons, en détention à El Harrach, aurait chargé une de ses représentantes de conclure ce contrat avec Sonoran Policy Group, une firme de lobbying fondée par Robert Stryk, qui a occupé le poste de conseiller du président américain Donald Trump, lors de sa campagne présidentielle victorieuse en 2016.

L’information a été donnée le 29 juillet dernier, par le média indépendant américain Foreign Lobby. Selon la même source, l’accord entre l’homme d’affaires algérien et le lobbyiste a été conclu le 26 juillet dernier, et il court jusqu’au 25 juillet 2021.

Il est paraphé, pour le compte de Ali Haddad, par une personne s’identifiant sous le nom de Sabrina Ben. Cette dame, résidant au 8e arrondissement de Paris, se présente comme étant «une conseillère principale de Ali Haddad». Mais quand le recours à ce cabinet de lobbying a-t-il été décidé ?

En attendant des réponses, le contrat en question porte sur «la fourniture des services de conseil aux entreprises et aux particuliers» ainsi que «d’autres services sur une base convenue».

L’ex-président du FCE tenterait-il d’obtenir sa libération grâce à des pressions étrangères ? C’est en tout cas ce que pense William Lawrence, ancien diplomate du département d’Etat spécialiste de l’Afrique du Nord et professeur à la School of International Service de l’université américaine.

«Je soupçonne que parce que le nouveau régime algérien est relativement faible et parce qu’il va, à un moment donné, s’attirer les faveurs des Etats-Unis, l’objectif de Ali Haddad serait de s’attirer les faveurs des Américains les plus puissants afin que son destin soit inclus dans la conversation avec l’Algérie», explique-t-il dans une déclaration à Foreign Lobby Report.