Projet d’annexion par Israël d’une partie de la Cisjordanie : Pour Guterres, c’est la mort de la solution à deux Etats

A. Z., El Watan, 25 juin 2020

L’ONU et la Ligue arabe ont demandé d’une seule et même voix, hier, à Israël d’abandonner ses plans d’annexion en Cisjordanie qui pourraient «mettre fin aux efforts internationaux en faveur de la création d’un Etat palestinien viable».

Le coordinateur spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a expliqué qu’une «annexion pourrait altérer de manière irrémédiable la nature des relations israélo-palestiniennes». «Elle risque de mettre fin à plus d’un quart de siècle d’efforts internationaux en faveur d’un Etat palestinien viable», a-t-il averti, insistant sur le fait qu’«une chance doit être donnée à la diplomatie».

Cet appel a été formulé lors d’une visioconférence du Conseil de sécurité de l’ONU, à laquelle ont participé plusieurs ministres et qui constitue la dernière rencontre internationale avant la possible mise en œuvre en juillet de ces plans d’annexion.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a aussi exhorté Israël «à renoncer à ses plans d’annexion» en Cisjordanie, qui constitueraient «une violation des plus graves du droit international». Dans un nouveau rapport adressé au Conseil de sécurité de l’ONU, il a souligné qu’une annexion serait «dévastatrice pour la solution à deux Etats» et «menacerait les efforts en faveur de la paix dans la région».

Dans ce document rendu public mardi, Antonio Guterres a appelé à l’opposition y compris au sein de la société israélienne contre le projet israélien. «L’annexion unilatérale par Israël d’une partie quelconque de la Cisjordanie occupée fermerait effectivement la porte à une reprise des négociations et détruirait les perspectives d’un Etat palestinien viable et la solution à deux Etats. Ce serait catastrophique pour les Palestiniens, les Israéliens et la région», a-t-il écrit.

Le gouvernement du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu doit annoncer à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en place le plan américain, qui prévoit l’annexion par Israël des colonies juives de Cisjordanie et de la Vallée du Jourdain, une vaste plaine agricole, en Cisjordanie, et la création d’un Etat palestinien sur un territoire réduit.

Ce plan a été rejeté par les Palestiniens et la majorité des membres de l’ONU. Lors de la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël, une résolution condamnant cette décision avait d’ailleurs été approuvée fin 2017 au Conseil de sécurité par 14 membres sur 15, mais les Etats-Unis avaient utilisé leur veto. Une résolution similaire présentée ensuite à l’Assemblée générale de l’ONU, où le veto n’existe pas, avait recueilli 128 voix en sa faveur, 35 pays s’abstenant, ce qui montre que la démarche israélo-américaine est unanimement rejetée.

Oppositions en Europe

Les oppositions au plan d’annexion israélien sont également nombreuses en Europe. Plus de 1000 élus des Parlements de 25 pays d’Europe ont appelé hier les dirigeants européens, dans une lettre ouverte, à «agir résolument» pour «empêcher» le projet israélien controversé d’annexion de pans de la Cisjordanie occupée. «Nous demandons aux dirigeants européens d’agir résolument en réponse à ce défi», écrivent les 1080 signataires de la lettre ouverte, issus de plusieurs formations politiques. «L’Europe doit prendre l’initiative de réunir les acteurs internationaux pour empêcher cette annexion», ajoutent-ils.

Dans leur lettre ouverte, les élus de Parlements nationaux et européen expliquent être «profondément préoccupés» par le «précédent» qu’une annexion créerait dans les relations internationales et par «l’impact qu’aura cette annexion sur la vie des Israéliens et des Palestiniens».

Cette «mesure portera un coup fatal aux perspectives de paix israélo-palestinienne et remettra en cause les normes les plus fondamentales qui guident les relations internationales, dont la Charte des Nations unies», ont-ils également averti. Près d’un quart des signataires sont celles de parlementaires du Royaume-Uni, l’un des Etats membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Union européenne cherche à persuader Israël de faire machine arrière et envisage des sanctions si le chef du gouvernement de l’occupation israélienne, Netanyahu, «met en œuvre» le plan d’annexion. Ces mesures nécessiteraient néanmoins l’accord de ses 27 Etats membres.


Le CDH de l’ONU adopte 3 résolutions en faveur de la Palestine

Le chef de la diplomatie palestinienne, Riyad Al Maliki, a annoncé que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH) avait adopté cette semaine trois résolutions en faveur de la Palestine. Une résolution condamnant les colonies de peuplement israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés a obtenu le soutien de 26 Etats membres du Conseil, tandis que deux Etats ont voté contre et que neuf autres se sont abstenus, a déclaré M. Al Maliki dans un communiqué de presse. Une résolution sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination a été soutenue par 43 Etats membres, avec deux votes contre et deux abstentions, selon le communiqué. Une troisième résolution sur la situation en matière de droits de l’homme dans les T palestiniens occupés, dont Al Qods-Est, a enfin été adoptée par 42 voix contre 2.