Ils exercent dans le Grand-Sud: Des milliers de fonctionnaires privés de salaire

Liberté, 9 juin 2020

Un  télégramme  a  été  adressé  aux  organismes  sous  tutelle,  les instruisant de geler les virements des salaires à partir du mois en cours, à  toutes  les  directions  et  aux  établissements  publics  à  caractère administratif.

Des milliers d’employés  des secteurs  publics  autres  que  l’éducation  et  la santé, exerçant dans les wilayas du Grand-Sud (Tamanrasset, Illizi, Tindouf et Adrar) ont été surpris par le gel de leurs rétributions mensuelles. Une décision prise par les directions générales du budget et de la comptabilité du ministère des Finances, a-t-on appris, hier, d’une source auprès du Trésor de la wilaya de Tamanrasset.

En effet, un télégramme a été  adressé  aux  organismes sous tutelle, dont le Trésor des wilayas, les instruisant de geler le virement des salaires à partir du mois  en cours,  à  toutes  les  directions  et  aux  établissements  publics  à caractère administratif (EPA) qui sont sommés de régulariser impérativement les paiements effectués à découvert durant les cinq premiers mois de l’année en cours.

Le télégramme en question exclut les établissements relevant des ministères de la Santé et de l’Éducation nationale, lesquels se sont vu accorder une période supplémentaire d’un mois pour régulariser leur situation financière. Une procédure qui devrait normalement se faire avec l’établissement des états dûment visés par les contrôleurs financiers après la prise en compte des crédits alloués au titre du budget 2020. C’est dire que la production des états matrices au titre des budgets de l’État pour l’exercice 2020 est exigible à compter du 1er juin courant.

Ce   que  les  responsables  du  ministère  des  Finances  semblent   ignorer, toutefois, c’est que nombreux sont les établissements qui, en étant plombés par la crise sanitaire, n’ont pu conclure cette opération financière à cause du retard causé par leurs ministères de tutelle ou encore par le département de Raouya, notamment concernant l’accomplissement des procédures relatives à l’élaboration et à l’approbation  des  états  des recettes  et  dépenses  pour chaque établissement.

“Les  salariés  se  trouvent  par  conséquent  confrontés  à  une  situation paradoxale que nul responsable ne peut expliquer”, affirme un fonctionnaire du secteur de la solidarité nationale.

 Le problème risque  ainsi  de  provoquer de vives réactions  sachant  que ce blocage, qui en dit long sur le dysfonctionnement et le mal bureaucratique qui affecte profondément l’administration publique, coïncide avec la période des congés et intervient après  un  mois  de  Ramadhan  épuisant  eu  égard  à  la flambée des prix.

“Les pères de famille à faible  revenu seront  donc c ontraints de casser leur tirelire et de recourir à leurs petites économies pour subvenir aux besoins de leurs familles, en attendant  que  la  situation trouve  son dénouement”, lâche notre interlocuteur.

Au passage, ce dernier n’a pas manqué de dénoncer  le blocage des primes de rendement trimestrielles à Tamanrasset pendant que des établissements relevant des mêmes secteurs les ont perçues dans d’autres wilayas. “Tout le monde impose sa loi à Tamanrasset, et c’est toujours le simple employé qui en fait  les  frais”, dira un  autre  fonctionnaire  d’un  établissement spécialisé.
 

RABAH KARECHE