Confinement prorogé jusqu’au 13 juin : Les effets néfastes sur le plan social

Abdelghani Aichoun, El Watan, 30 mai 2020

La prorogation du confinement jusqu’au 13 juin prochain, décidé par le gouvernement, n’a pas été du goût de nombre d’Algériens, notamment ceux qui sont sans revenu depuis maintenant plus de deux mois.

En plus de ces journaliers, exerçant majoritairement dans l’informel, il y a ces milliers d’employés, du secteur privé surtout, qui ont été «obligés» de prendre un congé sans solde.

«Comme il y a eu cette obligation du port du masque, je m’attendais à ce que le confinement soit levé, du moins pour certaines activités.

Je travaille dans une pâtisserie et je suis sans revenu depuis deux mois. J’ai épuisé toutes mes économies. Je ne sais plus quoi faire lors de ces deux prochaines semaines», nous dira à ce propos un jeune trentenaire, père de deux enfants.

Hormis l’aide de 10 000 DA, décidée par la Présidence au mois d’avril dernier, une somme jugée dérisoire par plus d’un, faut-il le souligner, au vu des dommages subis sur le plan financier par des milliers de familles, aucune forme de compensation n’a été mise en place depuis le début du confinement.

La multiplication des actions d’aides du mouvement associatif, bien qu’il soit bénéfique pour de nombreuses familles, ne peut bien évidemment remplacer des mécanismes d’aides institutionnalisés.

Père de famille, un coiffeur de près de 50 ans, nous dira qu’il a été obligé, après les deux premières semaines de confinement de travailler «au noir» en se déplaçant chez les gens.

«J’espérais que le confinement soit levé pour pouvoir reprendre le travail normalement. Mais ce n’est pas le cas. On n’arrive plus à s’en sortir», nous dira-t-il.

Un jeune trentenaire, sollicité souvent pour des travaux divers, journalier donc, est également dans cette même situation.

«Même si je n’exerce pas un métier précis, j’arrivais plus ou moins à trouver quelque chose à faire, surtout dans le secteur du bâtiment. Là, il n’y a presque plus de travail. Je vis grâce aux aides de quelques personnes», nous dira-t-il.

Ce constat a été fait également par des commerçants, des épiciers, qui ont vu leur chiffre d’affaires baisser. «En plus du fait que les horaires de travail ont été réduits, j’ai remarqué qu’il y avait pas mal de famille qui s’approvisionnent moins que d’habitude.

Je connais bien bon nombre d’entre elles. Elles sont sans salaires depuis le début du confinement», nous dira l’un d’eux exerçant dans un quartier populaire d’une commune de l’Ouest algérois.

Evidemment, il n’y a pas que les travailleurs journaliers qui ont été touchés, sur le plan socioéconomique, de plein fouet par les effets de cette crise sanitaire.

Les commerçants des activités concernées par les mesures de fermeture ont également subis les aléas du confinement. Même si ce n’est pas de la même ampleur peut-être.

Mais, conséquemment, ils ont été obligés de libérer leurs employés, sans salaires. «Je perds beaucoup. Je loue mon local à 20 millions de centimes par mois et cela fait deux mois que je ne travaille pas.

J’ai six employés et j’étais obligé de les libérer. Bien évidemment, je ne peux pas leur payer leurs salaires, alors que je ne suis pas ouvert. Et là, on doit encore supporter ces pertes pour une autre période», nous dira un propriétaire d’une pâtisserie.

En tout cas, il est clair que des milliers d’Algériens souffrent des effets du confinement sur le plan financier. Si ces mesures sont préconisées par les spécialistes, il n’en demeure pas moins que beaucoup en subissent les conséquences en l’absence de mesures d’aides étatiques.