Reprise de l’activité dans plusieurs filières commerciales : Les réserves du corps médical

Djamila Kourta, El Watan, 27 avril 2020

Les dernières décisions du gouvernement relatives à l’allègement du dispositif du confinement, l’élargissement des secteurs d’activités et l’ouverture des commerces ont surpris plus d’un.

Sur quels critères le gouvernement a décidé de procéder au déconfinement ? y a-t-il un plan de déconfinement ? A-t-on pensé au risque d’une deuxième vague ? Tels sont, entre autres, les interrogations de nombreux spécialistes ainsi que des membres du conseil scientifique chargé du suivi et de l’évolution de la pandémie Covid-19 auprès du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, desquels émane normalement toutes les informations relatives à l’épidémie et les recommandations, notamment pour un éventuel déconfinement.

De leur point de vue, exprimé lors d’un débat consacré à cette question au sein de la commission lors de leur réunion hebdomadaire, il est plutôt bénéfique de maintenir le confinement pour une période supplémentaire et il est trop tôt de procéder au déconfinement de manière brutale.

Selon eux, ce dernier doit se faire progressivement et dans seulement certaines régions au vu de la situation épidémiologique en se référant aux recommandations de l’OMS. Un avis qui ne semble pas être pris en compte, mais les contraintes économiques obligent les autorités à réagir. Les dernières décisions du gouvernement relatives à l’allègement du dispositif du confinement et l’élargissement des secteurs d’activités et l’ouverture des commerces ont surpris plus d’un.

«La situation épidémique n’est pas pareille à celles qu’ont connues d’autres pays, notamment l’Europe mais il est important de procéder au déconfinement progressif. Nous avons eu de bons résultats grâce justement au confinement. Nous devons maintenir cette stratégie tout en allant vers un déconfinement progressif. C’est la seule manière d’assurer une meilleure gestion de la pandémie», lance un épidémiologiste et de regretter cette précipitation pour l’ouverture de tous les commerces, ce qui risque de favoriser la contagion.

Dans un post sur sa page Facebook, le Pr Yacine Khelloui, chef de service de pneumologie au Chu de Blida, a noté que «c’est grâce au confinement des 15 premiers jours respecté par peur à Blida que nos structures qui étaient dépassées au début de l’épidémie ont pu maintenant souffler en prenant en charge correctement ceux qui ont le plus besoin et de façon optimale.

On peut dire que nous avons gagné la bataille, mais pas la guerre» et de déplorer qu’«au vu de ces bonnes nouvelles, nos concitoyens ont repris leurs habitudes comme si de rien n’était et c’est cela l’erreur qu’il ne faut pas commettre car une reprise de l’épidémie pourrait être fatale».

Pour un infectiologue exerçant dans un hôpital de la capitale, «rien ne justifiait d’aller aussi brutalement vers un déconfinement sans une préparation au préalable, sachant que les conditions sanitaires ne s’y prêtent pas encore. Il y a effectivement l’enjeu économique qui s’impose, mais la crise sanitaire n’est pas finie. A l’heure actuelle, tous les scénarios sont possibles, rien n’est gagné.

La survenue d’une deuxième vague n’est pas à écarter», et de signaler que «personne ne peut prévoir quoi que ce soit. Ce virus SARS-Cov-2 est nouveau et les spécialistes ignorent encore beaucoup de choses quant à son évolution. D’ailleurs, chaque jour des informations nouvelles sont communiquées à propos de l’infection Covid-19 et les choses évoluent rapidement», a-t-il dit en faisant référence aux débats actuels et la controverse sur les tests rapides et sur l’acquisition ou non de  l’immunité, etc.

Le déconfinement tel que vu par le gouvernement a laissé perplexe puisque cette étape répond à certaines conditions, notamment le respect de la distanciation sociale, le port systématique de masque, l’utilisation des solutions hydroalcooliques. «Le processus de déconfinement doit se faire de manière graduelle et selon la situation épidémique de la région ou de la localité selon les risques de contamination. Il ne peut pas se faire au niveau national», poursuit l’infectiologue.

D’ailleurs, l’OMS a appelé la semaine dernière à la prudence dans la levée du confinement en précisant lors d’une conférence de presse le 13 avril dernier les six critères que les pays doivent impérativement remplir avant que les mesures de confinement ne soient levées.

«Les mesures de confinement doivent être levées lentement et avec contrôle, la pandémie accélère très vite, elle décélère beaucoup plus lentement», a précisé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus : «Cela ne peut pas se faire d’un seul coup». Selon l’OMS, chaque pays devrait donc «mettre en œuvre un ensemble complet de mesures pour ralentir la transmission et sauver des vies dans le but d’atteindre un état stable de faible transmission ou d’absence de transmission».

Pour lui, «les pays doivent trouver un équilibre entre les mesures visant à lutter contre la mortalité causée par le Covid-19 et par d’autres maladies dues aux systèmes de santé débordés, et les impacts socio-économiques de cette pandémie». Selon l’OMS, il existe donc un risque assez important de «résurgence mortelle» en cas de mauvaise gestion du déconfinement.

    – Les six critères pour lever le confinement, selon l’OMS : La transmission doit être contrôlée

    Les systèmes de santé doivent être en mesure de tester, d’isoler et de traiter chaque cas et de retracer chaque contact. Les risques d’épidémie doivent être réduits au minimum dans des environnements particuliers, comme les établissements de santé et les maisons de soins.

    Des mesures préventives devront avoir été mises en place sur les lieux de travail, dans les écoles et dans d’autres lieux publics essentiels. Les risques d’importation pourront être gérés. Les communautés doivent être pleinement éduquées, engagées et habilitées à s’adapter à la nouvelle norme.

    Alors que certains pays, comme l’Espagne et l’Autriche, se préparent à sortir des restrictions de confinement, d’autres, comme certains pays d’Afrique ou d’Amérique latine, envisagent seulement de les mettre en œuvre…

 

    – 126 nouveaux cas confirmés et 6 nouveaux décès

    126 nouveaux cas confirmés de coronavirus (Covid-19) et 6 nouveaux décès ont été enregistrés lors des dernières 24h en Algérie, portant ainsi le nombre de cas   confirmés à 3382 et celui des décès à 425, a indiqué dimanche le  porte-parole du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie   du Coronavirus, Djamel Fourar, lors du point de presse quotidien consacré à l’évolution de la pandémie. APS