Pour la levée de l’interdiction de Maghreb émergent ! Pour la libération de tous les journalistes et activistes !
Algeria-Watch communiqué
Algeria-Watch, 13 avril 2020
Le site d’information Maghreb émergent et sa webradio Radio-M sont bloqués par les autorités algériennes depuis le 9 avril 2020. Cet acte d’une gravité exceptionnelle fait suite à une vague d’arrestations d’activistes du hirak, le mouvement de protestation qui secoue l’Algérie depuis le 22 février 2019, et de journalistes, dont Khaled Drareni de Radio M, arrêté le 27 mars 2020.
Le motif de ce blocage invoqué dans un communiqué assumé par le ministre de l’Information, qui comme d’autres de ses collègues ne répugnaient pas à répondre aux invitations de ce site, serait l’origine étrangère, interdite par la loi, d’une partie du financement de Maghreb émergent.
Ce prétexte est inacceptable et ne peut en aucun cas justifier d’une mesure arbitraire comme l’interdiction administrative d’un organe de presse. Si une violation de la loi est constatée, seule la justice est habilitée à prononcer d’éventuelles sanctions. En tout état de cause, si un manquement est opposé à un site d’information, il doit être signifié par les voies de droit et précédé d’un rappel à l’ordre et d’une sommation à se conformer aux textes en vigueur. Particulièrement dans un contexte incertain, un État digne de ce nom aurait offert un délai de mise en conformité avant toute sanction réglementaire ou toute action en justice.
Il doit être solennellement rappelé qu’un exécutif responsable, soucieux du droit s’interdit d’interdire ou de suspendre un organe de presse sans passer préalablement par les tribunaux. La fermeture d’autorité d’un site d’information est un acte dictatorial.
Abusant cyniquement de la situation créée par la pandémie de Covid-19, le régime militaro-policier d’Alger accentue un tournant répressif engagé depuis l’élection frauduleuse d’Abelmadjid Tebboune le 12 décembre 2019. Il est en effet à craindre que ce blocage ne soit qu’une étape de plus dans un processus répressif visant à bâillonner toute expression alternative ou discordante.
Cette logique est celle d’un combat d’arrière-garde : la répression est la vaine tentative de remonter le temps vers une ère définitivement révolue. Tenter d’inverser le cours de l’Histoire pour rétablir des usages de parti unique est voué à l’échec. Quelles que soient les divergences, les réserves et les critiques, nul organe de presse ne peut être interdit pour sa ligne éditoriale et aucun journaliste ne peut être embastillé dans l’exercice de sa profession par l’exécutif, au mépris du droit et de l’indépendance de la justice.
Ces attaques contre la presse et la liberté d’informer au moment où l’Algérie a plus que jamais besoin de pluralité d’expression, sont absolument condamnables.
Algeria Watch exprime son entière solidarité avec Maghreb émergent et ses journalistes. Algeria-Watch exige la levée immédiate et inconditionnelle des mesures d’interdiction, et appelle à la libération immédiate de tous les journalistes et activistes injustement détenus.