Le nombre de cas déclarés est sous-estimé
Le bilan de morts causé par le coronavirus est proche de la réalité mais…
Maâmar Farah, Le Soir d’Algérie, 11 avril 2020
Il est pratiquement impossible qu’il y ait sous-estimation du nombre de morts puisque tous les décès sont enregistrés au niveau de l’état civil et que les autorités sanitaires veillent à recenser les décès causés par le coronavirus. Et si l’on se base sur ces chiffres, c’est plutôt le nombre de cas déclarés qui semble sous-estimé. Probablement à cause de la faiblesse des moyens permettant de tester un plus grand nombre de personnes.
Dans une précédente livraison, nous avons essayé d’analyser les chiffres communiqués par les instances sanitaires, relatives à l’évolution du coronavirus. Nous relevions que le taux de mortalité par rapport au nombre de cas déclarés était trop important puisqu’il avoisinait les 16%. Ce pourcentage a certes baissé, mais il reste trop élevé par rapport à la normale mondiale. Par exemple, jeudi 9 avril, il était de l’ordre de 7%, se rapprochant certes de la moyenne admise mais c’est encore loin des 1 ou 2% que nous connaissons ailleurs.
Nous avions tenté une explication à propos de ces disproportions en relevant que le nombre de tests demeurait insignifiant par rapport aux exigences d’un dépistage systématique. S’il y a une amélioration dans ce domaine avec l’ouverture de trois nouveaux centres régionaux de l’Institut Pasteur, l’arrivée massive de tests et l’utilisation du scanner pour dépister les malades, il n’en demeure pas moins qu’il est pratiquement impossible de dépister tout le monde. Et d’ailleurs, la solution choisie par les autorités sanitaires ne privilégie pas cette piste, irréaliste et irréalisable.
Il s’agit plutôt d’axer le dépistage systématique autour des cas déclarés, c’est-à-dire tous les contacts des malades. C’est pourquoi on découvre de plus en plus de malades dans les wilayas où se sont déclarés les premiers cas comme Blida ou Alger. Cela veut-il dire que la maladie n’a pas frappé ailleurs ? Le nombre de décès liés au coronavirus serait plutôt surestimé !
Et là, nous revenons aux cas de décès pour essayer de répondre à cette question. Il semble bien qu’en dehors des quelques régions où le nombre de malades est en augmentation chaque jour, ainsi que celui des décès, les autres wilayas semblent plutôt épargnées et n’enregistrent pas un nombre élevé de décès ; certaines mêmes n’en ont enregistré aucun.
Quant au taux de mortalité, nous écrivions que le nombre de morts est probablement très proche de la réalité puisque chaque décès est déclaré aux autorités, ne serait-ce que pour obtenir l’autorisation d’inhumation. Or, la dernière déclaration du ministre de la Santé montre que, loin d’être gonflé, le nombre de décès liés au coronavirus serait plutôt surestimé ! Ainsi, on apprend que certains cas de décès ont été faussement attribués au coronavirus alors qu’ils ont été causés par d’autres affections. Cela expliquerait donc le taux de mortalité élevé au début. L’examen plus rigoureux des causes réelles des décès permet aujourd’hui au taux de mortalité de baisser.
De toutes les façons, et même s’il y a eu surestimation, le nombre total de morts (235) ne doit pas être loin de la réalité. Autrement dit, pour avoir le vrai nombre de cas en Algérie, il faut multiplier ce chiffre par 100 (en considérant que le «bon» taux est de 1%). Ce qui nous donnerait 23 500 cas réels. Et si l’on se base sur le taux de 2%, on aura le nombre de 11 750 personnes positives au coronavirus. Nous pensons que c’est ce dernier chiffre qui correspond à la réalité.
Ce qui veut dire en clair que les mesures prises très tôt par les autorités ont permis de sauver beaucoup de vies humaines et qu’il faut continuer à faire confiance aux scientifiques et au corps médical et paramédical.
M. F.