Les efforts de l’Algérie n’ont pas abouti : La perspective d’une réunion urgente de l’Opep compromise
Zhor Hadjam, El Watan, 31 mars 2020
L’Algérie, qui assure la présidence tournante de l’Organisation des producteurs et exportateurs de pétrole, avait exhorté, dans une lettre, le secrétariat de l’OPEP de convoquer un panel afin d’évaluer les conditions du marché, au vu de la chute des prix, des suites de la surabondance de l’offre, dans le sillage de la crise sanitaire mondiale et de la guerre des prix lancée par l’Arabie Saoudite.
Alors que les prix du pétrole s’effondrent, au plus bas niveau depuis 2002, la perspective d’une consultation urgente entre les pays membres de l’Opep autour de la situation du marché pétrolier s’éloigne.
Après celle de l’Irak, la proposition algérienne, plaidant pour une rencontre des délégués du conseil de la commission économique de l’Organisation, n’a pas obtenu l’aval des pays producteurs, dont notamment l’Arabie Saoudite, qui entend poursuivre sa guerre des prix face à la Russie.
L’Algérie, qui assure la présidence tournante de l’Organisation, avait exhorté, dans une lettre, le secrétariat de l’OPEP de convoquer un panel afin d’évaluer les conditions du marché, au vu de la chute des prix, des suites de la surabondance de l’offre, dans le sillage de la crise sanitaire mondiale et de la guerre des prix lancée par l’Arabie Saoudite.
«L’objectif de la réunion est d’évaluer les conditions actuelles du marché et les perspectives immédiates, d’explorer divers scénarios et d’échanger des points de vue sur les moyens de stabiliser le marché pétrolier», avait écrit Mohamed Arkab dans une lettre, adressée jeudi, au secrétaire général de l’OPEP, Mohammed Barkindo.
Selon les agences de presse, M. Arkab a demandé à M. Barkindo d’organiser une téléconférence avant le 10 avril et de préparer un rapport sur les perspectives à court et moyen termes du marché pétrolier pour le soumettre à l’appréciation des ministres.
«Le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, et son personnel ont été extrêmement actifs pour tenter de rassembler suffisamment de soutien pour essayer de convaincre l’Arabie Saoudite d’envisager une approche alternative, selon des sources de l’organisation, mais le royaume est resté, jusqu’à présent, ferme concernant ses plans pour augmenter sa production à partir du mois prochain, les perspectives de tout nouvel accord semblent minimes», écrit l’agence Platts.
Vendredi, le royaume a déclaré qu’il n’avait eu aucun contact avec Moscou au sujet des réductions de production ou de l’élargissement de l’alliance des producteurs de l’OPEP+.
La Russie, pour sa part, a déclaré, par la voix de son vice-ministre de l’Energie, Pavel Sorokin, que «le pétrole à 25 dollars le baril est »désagréable », mais pas une catastrophe pour le pays».
192 milliards de dollars de pertes en 2020 pour les producteurs
Le refus d’une consultation urgente au sein de l’Organisation pour tenter de redresser la barre des prix laisse présager de lourdes conséquences sur les économies des petits pays producteurs, membres de l’OPEP.
Globalement, les exportateurs de pétrole de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) perdront 192 milliards de dollars de revenus bruts en 2020, en raison de la chute des prix du pétrole et des répercussions économiques du Covid-19.
L’année en cours verra également la région afficher sa première récession en trois décennies, selon The Institute of International Finance (lIF).
«Sur la base de notre scénario de référence d’un prix moyen du pétrole de 40 dollars le baril, les neuf exportateurs de pétrole de la région MENA verraient une baisse de leurs revenus issus des hydrocarbures en 2020 de 192 milliards de dollars (11% du PIB)», avance l’IIF dans un rapport publié vendredi.
«Par conséquent, le solde cumulé du compte courant passerait d’un excédent de 65 milliards de dollars en 2019 à un déficit de 67 milliards de dollars en 2020, et le déficit budgétaire passerait de 2,9% du PIB à 9,1%», selon le même rapport.
La région MENA verra également son économie se contracter de 0,3%, avec des risques supplémentaires de baisse, selon l’institut basé à Washington.
Une crise qui se profile malgré les des mesures de relance dévoilées par les gouvernements, visant à soutenir leurs économies du double choc du krach pétrolier et de l’épidémie de coronavirus, souligne encore l’institut cité par l’agence Platts.
«Les quarantaines, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, l’effondrement des prix du pétrole en raison de la rupture de l’OPEP+, les restrictions de voyage et les fermetures d’entreprises pointent vers une récession dans la région MENA, la première depuis trois décennies», a indiqué l’IIF dans le rapport.
«Les gouvernements tentent d’atténuer les dommages économiques avec des plans de relance, mais beaucoup partent d’une position faible.»
Les exportateurs de pétrole devraient également afficher des déficits budgétaires en 2020, les revenus pétroliers diminuant avec la chute des prix, ajoutent les rédacteurs du rapport.
Les prix sont en bonne voie pour le pire trimestre jamais enregistré. Hier, les cours sont tombés à leur plus bas niveau en 17 ans, alors que les conséquences de la pandémie de coronavirus se sont propagées en cascade dans les plus grandes économies du monde.
Les contrats à terme à Londres ont chuté de 7,6% pour atteindre leur plus bas niveau depuis novembre 2002, tandis que le brut de New York a brièvement chuté en dessous de 20 dollars le baril dans la matinée.